« Celui qui n’a pas les deux tiers de sa journée pour lui-même est esclave »

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Friedrich Wilhelm Nietzsche (1844 -1900)

Dans Humain, trop humain, Nietzsche affirme la forme aphoristique de sa pensée. Publié en mai 1878 en hommage au centenaire de la mort de Voltaire, il s’adresse aux « esprits libres ». Les questions que pose Nietzsche sont les questions mêmes de l’individu des démocraties contemporaines.

« Les hommes d’action manquent ordinairement de l’activité supérieure : je veux dire l’individuelle. Ils agissent à titre de fonctionnaires, de marchands, d’érudits, autrement dit de représentants d’une espèce, mais non à titre d’hommes déterminés, isolés et uniques ; à cet égard ils sont paresseux.

C’est le malheur des gens d’action que leur activité est toujours un peu irraisonnée. On ne peut, par exemple, demander au banquier qui amasse de l’argent le but de son incessante activité ; elle est irraisonnée. Les gens d’action roulent comme roule la pierre, suivant la loi brute de la mécanique.

Tous les hommes se divisent, et en tout temps et de nos jours, en esclaves et libres ; car celui qui n’a pas les deux tiers de sa journée pour lui-même est esclave, qu’il soit d’ailleurs ce qu’il veut : politique, marchand, fonctionnaire, érudit.« 


Friedrich Nietzsche, Humain, trop humain, Le livre de poche, 1995.

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