Mégara : la volonté d’une croissance vertueuse

Berceau magique
Mettre en place une démarche d’achats durables: c’est l’un des défis qui attend l’entreprise varoise pour les trois ans à venir.

La Toulonnaise Mégara, éditrice du site marchand Berceau Magique dédié aux produits pour le bébé et l’enfant mise sur une profondeur de gamme, pour parler à tous les goûts. Elle compte à ce jour 25 000 références, œuvre avec 300 marques et ça lui réussit : son CA a bondi en 2020 pour atteindre les 9,5 M€. Pour autant, sa croissance ne la stoppe pas dans ses engagements RSE, avec un chantier démarré en termes d’achats durables. Antinomique ? Il semblerait bien que non.

Concilier RSE et gestion d’un site marchand à forte croissance (9,5 M€ de CA en 2020 contre 7,4 en 2019, soit 28 %), jonglant avec trois centaines de marques et fournisseurs, tient a priori du travail de galérien. C’est pourtant le challenge relevé par Mégara, PME varoise à l’origine du lancement de Berceau Magique, spécialisé dans le marché du premier âge. Ce qui a poussé Charlotte Gaillard-Dubost, dirigeante de la structure, à cheminer dans la voie de l’écoresponsabilité ? Déjà, son engagement au sein du CJD de l’aire toulonnaise, qu’elle copréside. « Dans le cadre de nos commissions sur les nouveaux modèles économiques, nous avions pris conscience de certains aspects liés à la surconsommation, à la protection de l’environnement… Et puis, il y a aussi le fait d’échanger avec d’autres dirigeants au sein du réseau, qui eux-mêmes ont mis des actions en place en termes de RSE ». C’est ainsi qu’un membre du CJD, autrefois bénéficiaire de la subvention CEDRE de la Région PACA, a évoqué à Charlotte Gaillard-Dubost tout l’intérêt de ce dispositif, visant à financer et accompagner des entreprises dans leur démarche écoresponsable… Mégara fera mouche : elle sera sélectionnée par la Région et soutenue à hauteur de 30 k€ pour faire entrer sa stratégie vertueuse dans le concret. « Un 360 degrés est opéré à la base sur les sept piliers de la RSE. On définit ensuite des axes de travail mesurables via indicateurs et un suivi deux fois par an avec un consultant ». Accompagnement qui a débuté début 2020.

Si la Varoise a su convaincre les instances régionales, c’est aussi parce qu’elle ne partait pas de rien. Au-delà du CJD, la CCI du Var lui avait ouvert la voie, explique Pauline Franchi, responsable RH et RSE. « Fin 2018, la Chambre nous a aidés à établir un état des lieux de ce que l’on faisait déjà en interne. Il y a des actions que l’on menait depuis longtemps sur le registre du sociétal et qui pouvaient entrer dans le cadre d’une stratégie RSE. Ce travail nous a permis de voir que l’on pouvait s’engager dans ce type de démarche et aller plus loin, la formaliser ».

« Nous ne sommes pas que des marchands »

Vibrant au diapason de ce diagnostic, les consultants de CEDRE ont eux aussi mis en exergue ces mêmes points forts. « Préalablement, nous avons eu beaucoup de remontées positives sur les aspects sociaux en interne, l’accompagnement de nos 46 collaborateurs. Mais également sur l’aspect plus sociétal, l’engagement auprès des communautés, des clubs… Car Charlotte intervient auprès de nombreuses associations en local », détaille Pauline Franchi. Des actions conformes à l’objectif central de la Varoise : se positionner comme experte en parentalité. La charte graphique, remise à jour en 2020, la présente comme telle. Mais cela passe aussi par une politique éditoriale très marquée : sept sites web proposant services et autres conseils, un magazine sur Berceau Magique, des lives et des interviews d’experts, le tout en visio. « L’idée est de développer les contenus éducatifs gratuits. Nous ne sommes pas que des marchands, notre rôle c’est aussi de conseiller dans l’usage », appuie Charlotte Gaillard-Dubost. Ce fort engagement sociétal a par ailleurs été couronné au printemps 2020 par un prix de l’IRCE (Institut régional des chefs d’entreprise), saluant la création de la plateforme Bébé info service, un projet né du Covid et informant les parents sur toute question d’ordre sanitaire, en s’appuyant sur des professionnels certifiés. Mais ce n’est pas le seul chantier amorcé. L’équipe de Mégara a également lancé la réflexion sur un autre service, fortement demandé par les consommateurs : la revente de produits d’occasion, « car nous sommes poussés via notre positionnement RSE vers ce sujet-là aussi ».

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C’est dans le cadre de ses responsabilités au CJD que Charlotte Gaillard-Dubost, fondatrice de Mégara, s’est sensibilisée à la RSE

L’environnemental, un gros chantier

Ainsi donc, la Région n’a pas forcément donné d’objectifs sur le registre du sociétal, déjà très développé. « Notre plus gros enjeu en tant qu’e-commerçant, ça va être l’aspect environnemental et plus particulièrement des actions prioritaires sur le registre des achats responsables », précise Pauline Franchi. Or avec près de 25 000 produits référencés sur le site marchand, il y a du pain sur la planche. Les consultants de CEDRE ont ainsi donné trois ans, jusqu’en octobre 2023, pour déployer une démarche en la matière. « Déjà en interne, il va nous falloir définir ce que l’on entend par achat responsable, établir un plan d’action et mener l’enquête auprès des 300 marques présentes sur Berceau Magique, pour savoir qui potentiellement est exemplaire, qui peut être mis en avant, avec qui accélérer la collaboration ». Ou a contrario, qui dans ces dernières sont plus en retrait sur la question… Même si, du fait de fournisseurs exclusivement européens, respectant donc les normes en vigueur, « il y a peu de risque de tomber sur une grosse surprise ». L’investigation se fera sous forme d’enquête, mais aussi de travail sur une charte. Les visites d’usines ne sont pas exclues dans un second temps, avec les fournisseurs proches géographiquement.

Outre cette stratégie d’achats durables, Mégara s’investit également dans la réduction de son empreinte carbone. Là encore ce n’est pas une mince affaire, explique Pauline Franchi. « Nous jonglons avec une grosse contrainte, à savoir le flux tendu. Nous ne fonctionnons pas totalement sur stock, nous avons des acheminements de marchandises réguliers, ce qui est lié à notre stratégie d’hyperchoix sur le catalogue. Mais nous avons tout de même optimisé les choses : nous passons les commandes de façon groupée par semaine, c’est le maximum que l’on puisse faire en gardant des délais d’expédition raisonnables pour le consommateur ». L’entreprise réduit enfin ses déchets autant que faire se peut : multiplication des références de cartons pour optimiser l’emballage, utilisation de matériel recyclé et recyclable et investissement l’année dernière dans une machine permettant de réutiliser les cartons reçus par l’entreprise avec de la marchandise. « Cet achat a d’ailleurs été notre premier engagement dans le cadre de CEDRE ».

Faire face à la croissance et se dimensionner

Bref, une belle feuille de route. Le corollaire du soutien régional, c’est un engagement de la Varoise en matière de création d’emplois. « Nous avons l’objectif d’atteindre les 15 M€ de CA en 2023, il est évident qu’on ne le fera pas avec le même nombre de collaborateurs, notamment dans les fonctions opérationnelles type logistique, service clients, qui sont complètement reliées au volume et au nombre de commandes », appuie Charlotte Gaillard-Dubost. Concrétiser cette stratégie signifie notamment plus de stockage. « C’est ce qui nous fait défaut, surtout depuis le Covid, où l’on se heurte à de nombreuses ruptures suite aux complexités d’approvisionnement ». La dirigeante cherche d’ores et déjà un entrepôt plus grand (1500 m2), toujours sur l’ère toulonnaise, après avoir déménagé une première fois en 2018.

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Le site marchand Berceau Magique, dédié aux produits 1er âge et enfants, a connu en 2020 une belle progression de l’ordre de 28%. La raison? Un report des achats sur le net consécutif à la crise.

Cela veut dire aussi plus de visibilité. Mais cela, Mégara sait le faire. « On lance déjà des campagnes TV, des publicités, on est très actifs sur les réseaux sociaux, on travaille avec un gros réseau d’influenceurs, on a aussi lancé un axe novateur autour de la vidéo l’année dernière, tout un système permettant à nos clients de se filmer eux-mêmes avec nos produits… Le fait d’utiliser des leviers modernes de communication booste la croissance. C’est ni plus ni moins ce que veulent les consommateurs : des réseaux sociaux très actifs, des recommandations par les influenceurs et de la mise en avant produit innovante ». En cela, Mégara a pris l’avantage face aux grandes enseignes de puériculture, qui en restent pour l’heure aux modes de communication traditionnels et n’ont pas encore pris le virage du digital. « Pour accélérer maintenant, il faut que l’on aille encore plus loin dans l’investissement marketing. Par exemple vers de nouveaux leviers, tel le pick-up ». Faire face à la croissance et se dimensionner : outre la route à parcourir en RSE, ce sera ça aussi, le challenge pour 2021.

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