Nathalie Bulckaert (Caisse d’Epargne) : avec la crise, élaborer des plans d’action pour franchir « le mur de la dette »

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Nathalie Bulckaert, directrice des marchés pour la Caisse d’Epargne Centre-Loire

Les métiers de la banque constituent un poste d’observation intéressant sur la santé des entreprises pendant la crise que nous traversons. Rencontre avec Nathalie Bulckaert, directrice des marchés pour la Caisse d’Epargne Centre-Loire.

Nathalie Bulckaert, qui êtes-vous ?

Nathalie Bulckaert : Je suis banquière et fière de l’être ! J’ai 30 ans de métier. J’ai démarré ma carrière en tant que Chargée d’affaires entreprises et ai exercé un peu tous les métiers dans la banque. Après 18 ans chez BPI et 8 ans à la Banque Palatine, j’ai rejoint il y a 5 ans la Caisse d’Epargne. Je suis aujourd’hui Directrice des marchés pour la Caisse d’Epargne Centre-Loire qui regroupe les marchés de l’entreprise, la banque du dirigeant, l’économie sociale, le secteur public, le logement social, en bref, les acteurs de l’économie régionale.

Du poste stratégique qui est le vôtre, comment percevez-vous la reprise d’activité depuis la fin du confinement, si reprise il y a ?

N.B. : Au cours de l’été, il y a eu incontestablement un regain d’activité. Les affaires se présentaient plutôt bien. En octobre, avec la seconde vague, nous avons assisté non pas à un arrêt, mais à un ralentissement, à un attentisme fort des chefs d’entreprise. Plus les entreprises sont petites, plus cet attentisme est prégnant. C’est particulièrement le cas pour les PME dont le chiffre d’affaires est compris entre 2 et 5 millions d’euros. Les plus grandes entreprises quant à elles sont plus structurées et leur capacité de résilience s’avère plus importante. Nos grands comptes n’ont pas mis de freins à leurs investissements, même s’ils se montrent plus prudents. Ce qui est encourageant, c’est qu’une entreprise sur deux n’a pas eu recours au PGE ou au report d’échéances. Cela veut dire que pour les entreprises concernées, il reste encore cette cartouche à jouer pour l’avenir.

Quels secteurs d’activité ont été les plus touchés dans votre région ? On pense bien sûr au tourisme, à l’hôtellerie-restauration…

N.B. : Notre région est effectivement très touristique et ce secteur a été très impacté. Le Cher et le Loir-et-Cher sont des départements très industriels. Un certain nombre de ces entreprises industrielles sont des sous-traitants pour l’industrie aéronautique. Celles-ci ont été évidemment très touchées et sont en risque. Nous avons également des secteurs qui s’en sortent bien, comme l’agroalimentaire. Le BTP se porte bien également, en particulier grâce à de gros chantiers publics et l’action des bailleurs sociaux qui accélèrent leurs programmes.

Concrètement, comment accompagnez-vous vos clients en cette période de tempête ?

N.B. : Il y a deux temps. En mars et avril, nous gérions l’urgence. Nous avons contacté tous nos clients pour prendre la température. Nous avons reporté des échéances, mis en place des PGE. Nous avons fait preuve à la fois de réactivité et de proactivité. Aujourd’hui, nous nous situons dans une phase de diagnostic. Nous mesurons l’impact de la crise pour nos clients à 3 mois, 6 mois, un an. La crise va-t-elle entraîner chez eux une baisse d’activité ou bien risque-t-elle de briser leur modèle ? Nous nous préoccupons également des questions liées à la digitalisation des entreprises. Comment le chef d’entreprise peut-il piloter son entreprise à distance ? Et puis se pose bien sûr aujourd’hui la question du mur de la dette. Il s’agit de reprofiler la dette, c’est-à-dire d’amortir le PGE sans toutefois entraver la capacité d’investissement des entreprises. Nous sommes dans l’écoute et le conseil pour élaborer des plans d’action qui permettront aux entreprises de franchir ce mur de la dette.

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