COVID-19 : un moment où « chacun apparaît alors tel qu’il est, sans far ni artifices »

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© Can Stock Photo / alphaspirit

Se poser en s’opposant, exister en niant l’autre. Dans la crise que nous traversons, pas d’unité. Il faut continuer à taper sur le gouvernement et à souffler sur les braises de la contestation sociale… Pas sûr que cette stratégie d’opposition systématique soit bonne pour le pays et pour ceux qui la mènent.

Certes, on peut légitimement s’interroger sur l’impréparation et plus généralement la manière dont le gouvernement gère la situation. Nous avons le droit de nous interroger sur la question des stocks de masques et de la communication pour le moins étrange du gouvernement sur ce sujet. N’oublions pas que les gouvernements précédents ont aussi une lourde part de responsabilité. Viendra le temps où les responsables devront s’expliquer. La critique n’empêche pas la responsabilité. Il y a un temps pour tout.

Le sentiment d’urgence fait soulever des montagnes

Les failles dans notre système de santé sont béantes et les entreprises se sont mobilisées pour les combler. On a fabriqué des masques ou du gel hydroalcoolique. La chaîne logistique tient bon. Les magasins dont les denrées sont essentielles à la vie quotidienne ont assuré. On ne peut que rendre hommage aux caissières, routiers et plus généralement à tous les salariés du secteur privé qui nous permettent de tenir le coup.

Les entrepreneurs ont pris leur responsabilité. Des initiatives pour aider les hôpitaux se sont multipliées. Dans les entreprises, tous ont revu leur manière de travailler, voire leur modèle de développement de A à Z. Il a fallu innover… et c’est bien connu, on n’est jamais aussi créatif que sous la contrainte. Un dirigeant me confiait que dans sa société, ce qui n’avait pas pu être possible en deux ans l’est devenu en quinze jours. Le sentiment d’urgence fait soulever des montagnes. On a pu mesurer au cours de cet épisode du confirment le rôle central que jouait la confiance dans les organisations, car toutes ne sont pas traversées par la suspicion et la méfiance. Et face au danger sanitaire et économique, on est obligé de se faire confiance et de s’entraider.

La fonction publique a, elle aussi, assuré. Les enseignants ont maintenu la continuité pédagogique. Les forces de l’ordre n’ont pas chômé. Le personnel hospitalier accomplit un travail remarquable dans des conditions difficiles. Merci et bravo.

S’il faut retenir une chose de cette crise, c’est l’immense solidarité qui est née spontanément grâce aux travailleurs.

Drôle de jeu

Et puis il y a les éternels insatisfaits, ceux qui hurlaient contre la décision gouvernementale de confiner l’ensemble de la population et qui, aujourd’hui, vocifèrent contre la décision de d’y mettre fin à partir du 11 mai. Tout ce que fait le gouvernement est vu comme une volonté de faire gagner toujours plus d’argent aux actionnaires des entreprises, Big Pharma et autres. Les aficionados des partis contestataires semblent indécrottablement convaincus que le redémarrage de l’activité n’est qu’une arnaque néolibérale. Ils savent ce qu’il ne faut pas faire. C’est d’ailleurs assez simple de ne pas se tromper : ce qu’il ne faut pas faire, c’est ce que fait le gouvernement. En revanche, pour proposer des pistes qui aideraient à nous sortir tous du trou, il n’y a personne. Prisonniers de leur idéologie – « il faut abattre le capitalisme » —, ils mènent la politique de la terre brûlée, quitte à se brûler eux-mêmes. Car l’économie, ce n’est pas simplement une poignée d’actionnaires qui se gavent au dernier étage d’une tour à Manhattan, cigare aux lèvres et Rolex au poignet. Rappelons une évidence : l’économie permet à des millions de salariés et d’entrepreneurs de se nourrir et permet les rentrées fiscales nécessaires à l’Etat pour payer les fonctionnaires dont l’action est nécessaire à l’administration de notre pays. Drôle de jeu !

Il est utopique de penser qu’une crise peut constituer un moment « historique » d’unité nationale. Elle est au contraire un moment où les divisions sont exacerbées. Ce n’est peut-être pas si mal, car chacun apparaît alors tel qu’il est, sans far ni artifices. Pas sûr que cette stratégie soit payante…

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