Croissance : la France fait mieux que la moyenne de la zone euro

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© Can Stock Photo / ronniechua

Les économies française et allemande subissent le flux et le reflux de l’épidémie avec des fortunes diverses en fonction des trimestres. Si la France avait souffert au quatrième trimestre 2020, elle s’en sort mieux au premier trimestre de cette année. L’Allemagne connaît une évolution de son PIB à l’opposé.

L’Allemagne en retrait marqué au premier trimestre 2021

Selon l’institut de statistique allemand Destatis, le PIB outre-Rhin a baissé de 1,7 % au premier trimestre quand il a progressé de 0,4 % en France. Ce repli de l’économie allemande s’avère un peu plus important que ce qu’anticipaient les économistes. La divergence des deux premières économies de la zone euro est intimement liée aux mesures sanitaires. Depuis le mois de novembre, l’Allemagne est en situation de confinement ou de quasi-confinement. La France n’est entrée dans son troisième confinement qu’en avril. Sur un an, la contraction de l’activité en Allemagne atteint 3,0 % en données corrigées des variations saisonnières (CVS). Son PIB reste inférieur de 4,9 % à son niveau d’avant-crise.

Après un second semestre 2020 marqué par une reprise de l’activité (+8,7 % au troisième trimestre et + 0,5 % au quatrième), la recrudescence de la crise sanitaire et les restrictions imposées alors dans le pays (l’Allemagne a fermé ses cafés, bars, restaurants, lieux de culture et de loisir depuis novembre, et une grande partie de ses magasins depuis décembre) auraient « particulièrement » touché la consommation des ménages. Le Gouvernement allemand parie toujours sur un fort rebond au second semestre permettant d’amener la croissance annuelle à 3,5 %. Pour 2022, la croissance pourrait atteindre 3,6 % permettant à la première économie européenne de retrouver alors son niveau d’activité d’avant la pandémie.

Une croissance portée par l’investissement

La zone euro est officiellement entrée en récession pour la deuxième fois en un an en enregistrant un deuxième trimestre consécutif de recul de son PIB. Au premier trimestre, celui a diminué de 0,6 % faisant suite à la baisse de 0,7 % au dernier trimestre 2020. La zone euro se démarque ainsi de la Chine et des États-Unis qui enregistrent de forts taux de croissance. La France avec une petite expansion de 0,4 % fait ainsi mieux que la moyenne des États membres. Après avoir reculé de 1,4 % au dernier trimestre 2020, la France a renoué avec la croissance au premier trimestre de 2021 avec un gain de 0,4 %. Ce résultat a été obtenu malgré le durcissement des contraintes sanitaires (maintien de la fermeture des bars et restaurants ainsi que de nombreux lieux de loisirs et de culture, fermeture des grands centres commerciaux, couvre-feu puis confinement). En cette fin de premier trimestre, le PIB français demeurait inférieur de 4,4 % à son niveau du quatrième trimestre 2019.

La croissance du premier trimestre a été essentiellement portée par l’investissement. (+2,2 % après +1,3 %) et plus modestement par les dépenses de consommation des ménages (+0,3 %, contre -5,7 % au trimestre précédent marqué par le deuxième confinement). La France reste confrontée à un réel problème de commerce extérieur avec des exportations qui ont reculé plus vite que les importations (respectivement – 1,5 % et – 0,1 %). Au total, le commerce extérieur a contribué négativement à la croissance du PIB – 0,4 point, après +1,2 point au trimestre précédent. Enfin, la contribution des variations de stocks à l’évolution du PIB est nulle ce trimestre (+0,0 point après +0,4 point au quatrième trimestre 2020).

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La production totale a augmenté au premier trimestre 2021 de +0,4 % (contre -0,6 % au quatrième trimestre) grâce notamment à la construction (+4,2 %). La production de biens a régressé de 1,0 % après une hausse de +2,5 % au quatrième trimestre 2020. La production de services marchands rebondit de manière plus modérée (+0,3 % après – 1,8 %), ainsi que la production de services non marchands (+1,0 % après – 0,5 %).

Au premier trimestre 2021, la production totale continue de se rapprocher à petite vitesse de son niveau d’avant-crise (– 4,3 % en écart au T4 2019, après – 4,6 % au trimestre précédent). La production de services principalement non marchands est globalement au-dessus de son niveau d’avant-crise (+1,8 % en écart au niveau du T4 2019). En revanche, dans les secteurs principalement marchands, l’activité reste en retrait, notamment dans les services marchands (– 5,6 % en écart au T4 2019) et l’industrie manufacturière (– 6,7 %), mais aussi dans la construction (– 3,2 %). Les services sont toujours pénalisés par l’absence d’activités touristiques ainsi que par les fermetures administratives.

La consommation totale des ménages progresse de 0,3 % au premier trimestre 2021        (-5,7 % au dernier trimestre 2020), mais demeure 6,4 % en dessous de son niveau d’avant-crise, toujours en lien avec l’impossibilité d’accéder à certains services. La consommation de services a diminué de 0,6 % sur les trois premiers mois de l’année quand celle de biens est en augmentation de 0,3 % après une contraction de 8,3 %

La formation brute de capital fixe (investissement) a augmenté de 2,2 % au premier trimestre 2021, après +1,3 % au quatrième trimestre 2020. L’investissement dans la construction connaît un fort rebond (+5,1 %, après – 2,7 %). Il est également soutenu dans le secteur des produits manufacturés (+1,7 % après – 2,3 %). En revanche, il se replie dans les services marchands (– 0,4 % après +8,0 %). L’investissement a réduit quasiment de moitié son écart avec son niveau d’avant-crise (– 2,5 % par rapport au niveau du T4 2019, après – 4,6 % le trimestre précédent).

Le deuxième trimestre devrait être marqué par le troisième confinement qui commencera à n’être levé qu’au début du mois de mai. Les chefs d’entreprise croient majoritairement à une reprise rapide et se plaignent de problèmes d’approvisionnement du fait de la hausse de la demande mondiale. L’augmentation du prix des matières premières et de certains biens intermédiaires (microprocesseurs, placoplâtre) commence à peser sur les coûts de production. La croissance du PIB au deuxième trimestre devrait être faible, le rebond devant coïncider avec le début de la saison estivale. 

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