Projet « Bouge ton coq » : un regroupement des citoyens, entreprises et pouvoirs publics au service de la ruralité

Capturqqe

Se mettre au vert, avoir la main verte, classe verte, mettre un cheval au vert, vert comme pré, jouer au vert, donner le vert, faire prendre le vert…. Ce ne sont pas les expressions qui manquent, d’où peut-être cette envie, éprouvée par 80 % des français, de prendre la clef des champs et d’aller au vert ! Un intérêt pour la campagne voire le village, promu par le mouvement Bouge ton coq.

Mouvement national pour et exclusivement pour les territoires ruraux, Bouge ton coq est un fonds de dotation destiné à financer des projets d’intérêt général dans le monde rural. A l’origine de cette initiative, deux frères, deux Auvergnats originaires du Puy-de-Dôme, Emmanuel et Christophe Brochot qui partagent leur temps entre la province et Paris. « Nous avions vendu notre agence de communication et la cinquantaine atteinte, forts d’un bon réseau relationnel, nous voulions lancer un projet porteur de sens. De plus, l’un et l’autre, explique Emmanuel Brochot, sommes viscéralement attachés aux territoires et à ceux qui les font vivre. Ainsi, nous avons voulu regrouper autour d’un guichet unique de financement, citoyens, associations, pouvoirs publics et entreprises. Bouge ton coq est un fond de dotation reconnu d’intérêt général et inscrit à l’économie sociale et solidaire. Il permet de financer les projets qui font et feront du village l’espace de vie du futur. Nous voulons faire de la ruralité une grande cause nationale en captant des fonds qui ne lui auraient jamais été consacrés. » Ce sont les entreprises, détentrices du pouvoir économique, qui ont été contactées les premières ainsi que les pouvoirs publics. D’abord le Ministère de la cohésion des Territoires et des relations avec les collectivités territoriales, puis les Régions, les départements et enfin l’association des maires ruraux de France (AMRF), présidée par Vanik Berbérian, qui regroupe 10 000 élus. Tous ont été emballés par le projet.

Des domaines d’intervention précis

C’est l’équipe de Bouge ton Coq aidée notamment par des maires ruraux, qui valident les projets proposés par les élus et associations et les met en ligne. Pour être retenu, le projet doit avoir un impact sur la collectivité rurale. Il peut être ponctuel à l’image d’un festival par exemple, ou s’inscrire dans la durée. Neuf domaines d’intervention sont éligibles : le commerce de proximité, l’énergie, la culture, les fêtes et les loisirs, la santé, l’éducation et la formation, le social, le travail, les entreprises et la mobilité, le patrimoine, les idées et la démocratie. Le système est assez simple puisque la plate-forme va chercher l’argent à la place du porteur de projet en incitant citoyens et entreprises à verser respectivement chaque mois, sous forme de dons, un minimum de 2 à 60 euros pour les opérations rurales qui les séduisent. Une opération récurrente de don citoyen, subvention publique et mécénat d’entreprise qui permet à chaque donneur de voter pour un projet précis. « A l’arrivée, poursuit Emmanuel Brochot, ce sont les projets les plus plébiscités qui seront financés. Une trentaine de projets issus des maires de l’AMRF sont actuellement sur la plate-forme. Ils vont de la construction d’un four à pain à la réhabilitation d’un café en passant par le soutien d’un festival de poésie à La Suze. L’outil Bouge ton coq n’est pas en soi innovant, ce qui est innovant, c’est le regroupement autour d’un même  canal, des citoyens, entreprises et pouvoirs publics. »

Des partenariats prometteurs

D’ores et déjà un partenariat a été signé avec la CPME qui regroupe 150 000 PME employant 3 millions de salariés. « Les entreprises sont généreuses, mais financent souvent des projets urbains, les campagnes sont les grandes oubliées de leur mécénat. Désormais, une entreprise peut inscrire tous ses collaborateurs sur la plate-forme afin de choisir leur projet. Un mécénat qui devient participatif et ludique. Nous nous appuyons beaucoup sur le travail de l’association des maires ruraux de France pour faire émerger des projets dans les domaines de l’économie, la culture, la mobilité… qui, sans financement, ne pourraient voir le jour. »

Emmanuel Brochot
Emmanuel Brochot

Une source de financement qui peut aussi compenser en partie la baisse des dotations de l’Etat aux communes pour des projets qui créent du lien social et de l’activité en campagne.  

A l’heure où certains se plaignent du chant du coq et du chant des cigales, le fonds de dotation fait de la ruralité une grande cause nationale en attirant des fonds qui ne lui auraient jamais été consacrés.


www.bougetoncoq.fr

Les français et la vie à la campagne ?  

Pour 8 Français sur 10, vivre à la campagne représente la vie idéale. Seuls 19 % des sondés sont adeptes d’une vie complètement urbaine. Sans surprise, les éléments qui poussent les Français à vouloir s’installer à la campagne figurent la qualité et le moindre coût de la vie, le calme, ou encore le souhait de vivre dans un environnement moins pollué. Paradoxalement, 59 % des sondés estiment le monde rural en déclin, contre seulement 43 % des ruraux. Pour tous, la France des campagnes est sur la première marche des territoires délaissés, devant la France des banlieues et celle des villes petites et moyennes. Une personne sur deux en milieu rural veut que l’Etat agisse notamment contre la désertification médicale et attend des actions en faveur de l’installation d’entreprises et de l’amélioration de l’accès à Internet.

La France des campagnes attire certes, mais souffre de son image. Disparition des services de proximité, pauvreté, chômage sont les mots qui reviennent le plus souvent pour la décrire.

Sondage IFOP pour Famille Rurales — données 2018.

Allons z’à la campagne !   

  • 22,4 millions de Français vivent dans les zones rurales, soit 35 % de la population
  • 14 % de la population rurale a entre 15 et 29 ans
  • 26 % de la population rurale a plus de 65 ans
  • 101 000 c’est le nombre d’habitants supplémentaires par an dans les zones rurales
  • 18,4 % c’est la part des emplois industriels dans les territoires ruraux contre 11,5 % dans le reste du territoire
  • 1,7 % c’est le nombre d’entreprises créées entre 2016 et 2017 dans les communes rurales

Source Insee Observatoire des territoires — Nos campagnes territoires d’avenir — dossier sept 2019.

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