Du filtre au tremplin : les ambitions du CJD pour la Convention Citoyenne pour le Climat

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Dimanche dernier, après des mois de débats et de concertations, la Convention Citoyenne pour le Climat rendait publics les fruits de ses travaux. Face à la pertinence et à l’opportunité des propositions formulées, nous espérons que l’ensemble des forces vives de notre pays saura se mettre en action pour relever les défis environnementaux d’aujourd’hui et de demain.  

Aux grands maux les grands remèdes

Saluons d’ores et déjà le juste équilibre entre l’émulation foisonnante engendrée par cette Convention et le réalisme de la majorité des propositions qui en ont émergé. Oui, derrière ces propositions, la conciliation entre écologie et développement économique est souvent au rendez-vous. Considérant l’expertise scientifique accumulée depuis des dizaines d’années sur ces sujets, les enjeux de compréhension et d’assimilation étaient de taille : les citoyens ont su les relever avec audace. Certains pourront regretter l’absence de chiffrage ou de mesures d’impacts autour de ces propositions, mais ne nous trompons pas : nous ne demandions pas à ces citoyens de faire œuvre d’économistes, de constitutionnalistes et encore moins de fiscalistes. Ils nous ont transmis leurs propositions pour l’avenir ; à nous de nous en emparer et de passer du rêve à l’action.

Au CJD, nous considérons que l’entreprise a un rôle à jouer en la matière, en se saisissant de ces propositions à titre expérimental et en participant ainsi de leur évaluation économique globale. Nous, entrepreneur. e. s, avons les clés, les connaissances et la méthode pour les mettre en pratique et les porter plus loin. 

Avancer ensemble pour aller plus loin 

Reconnaissons déjà qu’une bonne partie de ces propositions s’attaque à ce qu’il y a de plus absurde et de passéiste dans notre société. Comment peut-on encore favoriser la publicité à outrance et l’hyperconsommation qu’elle génère ? Comment tolérer la pollution sans limites à laquelle le suremballage nous expose ?

En tant que chef. fe.s d’entreprises, engageons-nous à mettre en place le maximum de propositions qui sont déjà applicables, et au premier chef celles qui concernent directement l’organisation du travail — de la généralisation du télétravail à la promotion de la mobilité douce ou collaborative.

Au CJD, nous sommes également prêts à élargir les expérimentations dans nos entreprises et à pérenniser celles qui ont déjà trouvé un écho parmi les propositions de la Convention : la création du « défenseur de l’environnement », que nous avions anticipée en créant des « pirates » au niveau local, chargés d’identifier toutes les pratiques potentiellement nuisibles pour l’environnement dans leurs sections ; la sensibilisation aux pratiques écoresponsables dans le cadre de la formation, que nous allons entamer via notre projet d’Ecole du Dirigeant ; la réquisition de logements et bureaux vacants, que nous avons déjà lancée en section auprès de nos adhérents.

Nous représentons 5000 chef. fe.s d’entreprises respectueux de leur écosystème, soucieux de la performance globale de leurs structures et bâtisseurs de stratégies d’entreprises responsables, compétitives et pérennes. Nous connaissons les enjeux de la transition environnementale et sociale, mais nous connaissons aussi les pesanteurs politiques qui les entourent.

Des ambitions, pour quels résultats ? 

Rejet de la proposition de loi socialiste portant reconnaissance du crime d’écocide, rejet de l’amendement de Mathieu Orphelin visant à conditionner l’octroi d’aides publiques aux entreprises au respect de l’environnement, refus de condamner les passoires thermiques comme logements indécents… Force est de constater que la majorité au pouvoir a su opposer un filtre robuste aux ambitions environnementales de tous bords dans un passé récent. Mais bien qu’il soit difficile de prédire des lendemains heureux à toutes les propositions formulées par la Convention, espérons que la majorité saura maintenant prendre ses responsabilités et donner à la parole citoyenne le crédit qu’elle mérite.

Par-delà les éventuels obstacles politiques, et sans attendre un referendum, le CJD s’engage à être un tremplin pour ces propositions et à poursuivre la promotion d’une économie fondée sur le respect du vivant. Nous saluons d’ailleurs la création de l’association « Les 150 », avec qui nous serions heureux de collaborer dès demain pour étayer ces propositions. Les entreprises, les associations, les acteurs locaux doivent désormais s’allier pour être résilients, mais aussi pour chercher l’efficience de leurs actions environnementales. La crise nous l’a prouvé, c’est à travers les circuits courts et les synergies territoriales que les citoyens ont trouvé les réponses pour faire face aux difficultés. 

Il est aujourd’hui temps d’agir, de placer intelligemment le curseur entre contrainte et incitation, mais surtout de ne plus jamais sacrifier la transition écologique et sociale sur l’autel de la relance économique. C’est sur ces bases que nous devons construire le monde d’aujourd’hui.   


Pierre Minodier et Emeric Oudin

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