Bilan un an après le « quoi qu’il en coûte »

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Le 12 mars 2020, Emmanuel Macron énonça, à travers une formule simple, la ligne qu’il entendait suivre face à l’épidémie. Le fameux « quoi qu’il en coûte » marqua les esprits et signifia la priorité donnée à la vie. L’engagement présidentiel a été en grande partie respectée avec la mise en place d’une prise en charge économique et sociale sans précédent des conséquences de la crise. La contraction historique de 8,2 % du PIB en 2020 a été neutralisée pour les ménages qui ont même connu une légère augmentation de leur pouvoir d’achat. Le « quoi qu’il en coûte » s’est traduit par une augmentation du déficit public qui a atteint près de 10 % du PIB amenant la dette publique à plus de 115 %.

Les douze derniers mois ont donné lieu sur le plan économique à de véritables montagnes russes. Le PIB a reculé de 5,9 et de 13,7 % aux premier et deuxième trimestres 2020 avant de connaître un rebond de 18,5 % au troisième. Avec le deuxième confinement, le dernier trimestre a été à nouveau marqué par un repli du PIB, -1,4 %.

Un rétablissement de l’activité confirmé par la Banque de France et l’INSEE

Selon la Banque de France, dans un contexte marqué par de fortes restrictions sanitaires, l’activité économique a progressé au mois de février. La perte de PIB en février par rapport à la période d’avant crise est évaluée à 5 points de PIB. Pour le mois de mars, l’activité resterait relativement stable avec une légère amélioration dans l’industrie et le bâtiment. Sur l’ensemble du 1er trimestre, l’autorité monétaire française table sur un PIB en légère croissance par rapport au trimestre précédent. L’acquis de croissance en moyenne annuelle à la fin du 1er trimestre serait proche de 4 %. Pour l’ensemble de l’année, la Banque de France prévoit une expansion d’au moins 5 points.

Quand le bâtiment va… l’industrie en net progrès, les services en difficulté

Le taux d’utilisation des capacités de production de l’industrie se situe à 76 % contre 79 % avant crise. Ce taux a augmenté de plus d’un point en février. L’amélioration concerne une grande majorité des secteurs. Le taux d’utilisation du secteur des machines et équipements est passé, en un mois de 76 à 78 % et celui des équipements électriques de 75 à 77 %. Sans surprise, ce taux reste faible pour le secteur de l’aéronautique et des autres transports (67 %). L’industrie chimique a, en revanche, retrouvé un niveau de production proche de celui atteint avant crise. Pour le deuxième mois consécutif, les chefs d’entreprise de l’industrie soulignent la hausse des prix des matières premières, notamment dans les biens d’équipement et les autres produits industriels, et indiquent une légère hausse de leurs prix de vente en février. Le secteur des services demeure évidemment touché par les restrictions. Une forte hétérogénéité des situations prévaut.

Si l’hébergement et la restauration sont toujours en net retrait, l’activité revient à la normale ou s’en rapproche dans l’édition et dans des secteurs de services aux entreprises tels que les activités juridiques et comptables ou le conseil de gestion. Le travail temporaire est toujours en hausse. La location de matériels et d’automobiles enregistre une baisse tout comme les services à la personne (salons de coiffure notamment) qui doivent faire face à une réduction de leurs horaires d’ouverture avec la généralisation du couvre-feu. Dans le bâtiment, l’activité progresse légèrement en février et est proche de son niveau d’avant‑crise. En mars, dans un contexte marqué par une forte incertitude concernant l’évolution des mesures liées à la situation sanitaire, l’activité serait en légère progression dans l’industrie. L’industrie chimique, les équipements électriques et les produits en caoutchouc et plastique seraient les mieux orientés. Dans les services, les dirigeants anticipent une relative stabilité de leur activité dans la plupart des secteurs, l’hébergement et la restauration demeurant à des niveaux très bas. Les dirigeants du secteur du bâtiment anticipent une légère progression de leur activité.

Pour la première fois depuis le début de la crise, l’opinion sur les carnets de commandes progresse en février dans l’industrie et redevient positive alors que, dans le même temps, les stocks sont jugés normaux. Dans le bâtiment, l’opinion sur les carnets de commandes s’améliore également à un niveau certes inférieur à celui d’avant‑crise, mais légèrement au‑dessus de sa moyenne de long terme malgré une baisse sensible des dépôts de permis de construire.

La Banque de France est plutôt optimiste sur la capacité de rebond de l’économie française confortant la prévision du gouvernement d’une croissance qui pourrait atteindre 5 % en 2021. Malgré les restrictions sanitaires qui perdureront jusqu’au deuxième trimestre, l’espoir d’une reprise rapide de l’activité comme lors de la période estivale en 2020 est amplement partagé.

Pour l’INSEE, en janvier et février, l’activité se serait située à environ –4 % par rapport à son niveau d’avant-crise (quatrième trimestre 2019), soit un niveau proche de celui du mois de décembre dernier. Malgré le couvre-feu et les mesures de confinements partiels et territorialisés, l’activité serait au premier trimestre supérieur à celle du quatrième trimestre. Sur l’ensemble du premier trimestre 2021, l’industrie poursuivrait sa reprise progressive jusqu’à atteindre un écart au niveau d’avant-crise de –3 % (après –4 % au trimestre précédent) ; de même pour la construction, à –6 % (après –8 % au quatrième trimestre 2020).

Les services seraient presque au même niveau qu’en fin d’année 2020, avec des disparités sectorielles toujours fortes. Le commerce et les services aux entreprises réduiraient encore leur écart à l’avant-crise par rapport au quatrième trimestre 2020, tandis que l’information-communication, les activités financières et d’assurance et les activités immobilières – se prêtant davantage au télétravail – seraient très proches voire au-dessus du niveau d’avant-crise. En revanche, l’activité des branches encore soumises à des restrictions fortes – hébergement-restauration, autres activités de services et transports et entreposage – resterait toujours aussi dégradée. Enfin, comme au quatrième trimestre 2020, l’activité des services non marchands serait stable, les mesures de restrictions n’affectant guère l’administration et l’activité des services de santé restant dynamique.

Au total, selon l’INSEE, le PIB du premier trimestre augmenterait de 1 % en évolution trimestrielle, et se situerait 4 % sous le niveau d’avant-crise. Les économistes de l’institut statistique sont prudents en ce qui concerne l’évolution du deuxième trimestre qui serait encore marquée par l’épidémie. Le scénario retenu est celui d’un allègement progressif des mesures de restrictions à partir de la mi-avril, concernant en particulier les branches toujours soumises à restrictions, avec une potentielle réouverture des restaurants et des bars et une reprise des activités de loisirs actuellement fermées. L’activité retrouverait rapidement son niveau du mois d’octobre dans les branches des transports et entreposage et des autres activités de service. La situation dans le secteur de la restauration s’améliorerait, tout en ne retrouvant pas son niveau du troisième trimestre 2020. Le taux de croissance pourrait être de 1 % réduisant l’écart d’activité à 3 points par rapport au quatrième trimestre 2019. L’acquis de croissance annuelle à l’issue du premier semestre 2021 serait alors de 5,5 %.

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