Gorafisation de la politique : quand la réalité dépasse la fiction

Nous sommes de plain-pied dans le mois d’avril, mois dont le premier jour nous convie tous à l’amusement. Le 1er avril est le seul jour de l’année où le canular est non seulement bienvenu, mais encouragé. C’était du moins le cas il y a quelques années. Car aujourd’hui, chaque jour a un goût de canular. Nous vivons l’ère de la gorafisation du monde, en tout particulièrement de la politique.

Gorafisation, en rapport avec le site parodique Le Gorafi qui, depuis des années, nous gratifie d’articles à l’humour décalé, absurde, ou encore grotesque. La gorafisation du monde se caractérise par l’indistinction entre la fiction et la réalité. Des événements surprenants surgissent et sont relayés par les médias. Après un premier temps de sidération et d’incrédulité vient le temps de l’acception étonnée. Nous nous pinçons pour savoir si nous ne sommes pas en train de rêver. Non. Nous sommes bien réveillés ; nous sommes dans la vraie vie.

La réalité dépasse la fiction. Pour Frédéric Lordon, le gorafique est devenu un fait majeur de notre temps. « Il y a du gorafique chaque fois que, confronté à une déclaration politique, on n’est plus en état de déterminer si elle est réelle ou grossièrement contrefaite à des fins d’épaisse caricature, nous rappelle Frédéric Lordon. Le gorafique est donc bien une histoire de réalité et de fiction, plus précisément de réalité désormais systématiquement en avance de la fiction. »

Surréalisme

On parle parfois de politique-fiction, ce genre littéraire ou cinématographique qui met en scène des événements politiques fictionnels dans un pays réel. Ajoutons une dose plus ou moins forte de comique et nous voilà dans le gorafique. «  Même les imaginations les plus débridées, même la créativité la plus échevelée ne peuvent plus suivre. On reconnaît le gorafique à ce que les amuseurs ordinaires sont à la ramasse », rappelle Lordon.

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L’actualité récente a été généreuse en la matière, laissant les professionnels de la communication cois. En pleine crise politique, le président donne une interview dans Pif. Deux jours plus tard, nous apprenons que Marlène Schiappa va poser en Une de Playboy. Et Franck Riester qui souhaite que les négociations avec l’intersyndicale ne portent que sur les points d’accord… Depuis 2016 et le moment trumpien, nous voici propulsés aux frontières du réel.

En 1924, dans le Manifeste du surréalisme, André Breton écrivait : « Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, de surréalité, si l’on peut dire ainsi. »

Nous y sommes !

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