Les combats d’André-Yves Portnoff (2): complexité et humanisme

Contre les dogmatismes et toutes les formes de manichéisme, André-Yves Portnoff, en disciple d’Edgar Morin, n’a eu de cesse de promouvoir la pensée complexe, seule matrice permettant de penser aujourd’hui le réel et d’agir sur lui. Retour sur quelques articles où André-Yves promeut cette sagesse moderne.

Relever le défi de la complexité du réel ; relier ce qui est séparé

« Pour déchiffrer les futurs possibles, nous avons besoin de comprendre notre propre complexité pour comprendre l’Autre et donc les réactions de la société. Les néolibéraux font comme si nous étions tous des automates rationnels, ce qui facilite les modélisations ; mais cela reste grossièrement faux. Nous nous croyons rationnels… mais sommes très irrationnels. Notre connaissance est toujours imparfaite et perfectible, ce qui incite encore à la tolérance, au rejet des fanatismes dogmatiques, même si certains scientifiques oublient ce credo incontournable de la pensée scientifique qui doit rester modeste et prudente. » Lire l’intégralité de l’article.

« […] Edgar Morin écrivait : “le problème crucial de notre temps est la nécessité d’une pensée apte à relever le défi de la complexité du réel. On l’a esquivé dans le fait de séparer les connaissances entre les disciplines, ce qui a permis d’approfondir beaucoup de connaissances particulières, mais ce qui rendait de plus en plus incapable de relier. Le défi c’était ‘comment relier’, se forger des outils pour relier ce qui est séparé. Aujourd’hui, le défi demeure, car « la compartimentation des savoirs empêche de traiter les problèmes à la fois fondamentaux et globaux. ». Déjà en 1991, Edgar Morin m’expliquait qu’une vision unidimensionnelle « mutile non seulement la réalité, mais aussi les êtres humains, fait verser le sang, répand la souffrance et nous conduit à la tragédie suprême » ! Celle-ci est-elle en train de s’accomplir ? Edgar Morin, comme les prospectivistes, rappelle que le pire n’est jamais sûr. » Lire l’intégralité de l’article.

Viser le long terme et encourager le capital patient

« Comprenons la complexité et tirons-en des conclusions opérationnelles. Edgar Morin résume bien cela : penser complexe est l’antichambre d’une solidarité ne résultant pas nécessairement de bons sentiments, mais de la perception de notre interdépendance avec d’autres acteurs. Nous ne pouvons à terme réussir qu’en réseaux d’alliés et non contre tous. Cela justifie la performance globale prônée au CJD. Comprenons aussi que l’économie réelle ne se réduit pas à la finance et aux fluctuations de la Bourse à chaque nanoseconde. Le développement économique, des entreprises comme des territoires, exige des visions et des ambitions de long terme. La majorité des entreprises entre en déclin parce que la doctrine ultralibérale les a conduites à ne gérer que le profit immédiat de quelques actionnaires. Elles ne peuvent innover, faute de réunir assez d’intelligence collective : celle-ci est dégradée par leur management néo-taylorien méprisant et leurs relations hostiles avec les fournisseurs. C’est l’illustration a contrario de l’obligation du gagner ensemble pour durer. Dans le même esprit, nous avons construit un espace financier, une Europe des affaires et non une Europe des citoyens.«  Lire l’intégralité de l’article.

Se libérer des dogmatismes pour développer un entrepreneuriat humaniste et inventer notre Renaissance

« Aldo Manuzio (1449 – 1515) voulait libérer la pensée européenne du dogmatisme qui la réprimait. Ce dogmatisme médiéval, héritier du Platon revu par Saint-Augustin, retirait à chacun son libre arbitre. En résumé, nos sens nous trompent, ce que nous voyons n’est qu’illusion : soumettons-nous donc avec discipline aux vérités dictées par ceux qui sont plus près que nous du Ciel, investis par lui du Pouvoir : l’Eglise et les Princes à qui nous devons fidélité. Cette vision du monde persiste dans le modèle bureaucratique d’application aveugle des règlements même absurdes et nos organisations hyper-hiérarchiques. Si elle était restée dominante, elle aurait rendu impossible la révolution scientifique et technique, basée sur la confrontation, préconisée par l’autre grand penseur grec, Aristote, entre hypothèses librement élaborées et observations expérimentales. Aldo Manuzio était persuadé que la diffusion de la pensée d’Aristote et d’autres penseurs antiques pouvait consolider le début de révolution culturelle appelée par nous Renaissance. L’histoire lui a donné raison. Il avait eu l’intuition de la puissance de l’imprimerie, qui a eu un rôle au moins aussi révolutionnaire que le numérique. Ces convictions ont poussé Manuzio à se transformer en entrepreneur et éditeur. » Lire l’intégralité de l’article.

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