S’il ne reste que le travail…

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Boire un verre en terrasse ? Pas possible. Aller au cinéma ? Pas possible. Se faire un bon restaurant ? Pas possible. Alors, si notre bureau est notre seule porte de sortie, autant en faire un lieu où notre sourire demeure. Comment ? En sachant mieux se valoriser, donc mieux gagner sa vie. Analyse avec l’ouvrage « Oser travailler heureux, Entre prendre et donner » de Jacques Salomé et Christian Potié, paru en 2013 aux Éditions Albin Michel.

« Travailler huit heures par jour, c’est vendre quotidiennement huit heures de sa vie. La question n’est pas de savoir combien nous la vendons, mais comment nous la vendons ». À partir de moult constats, les auteurs de « Oser travailler, Entre prendre et donner », Jacques Salomé, psychosociologue de renom et Christian Potié, consultant et dirigeant, ont cherché à développer dès 2013 le concept de « management relationnel ». Ils ont alors proposé des chartes de vie et des balises accessibles à chacun afin de se respecter soi-même, se faire respecter et de travailler heureux. En 243 pages, l’ouvrage revient sur la causalité entre crise économique et crise relationnelle, comment développer des relations créatives en entreprise, comment favoriser des relations vivantes, quels outils permettent cela et sur quoi les managers peuvent s’appuyer pour contribuer au développement de liens équilibrés, teintés de respect.

Des crises qui touchent la planète, l’important n’est pas la crise en elle-même, mais la « capacité d’une entreprise à lui survivre, voire à y puiser des énergies nouvelles pour aller plus loin ». Une phrase qui résonne en nous, tandis que le Covid tente d’abattre le secteur travail —, et ce de façon mondiale. Alors, deux courants de pensée émergent : « ceux qui s’intéressent aux données économiques externes, tels que la pression exercée par les concurrents (le “dumping”), la rotation rapide des nouveautés et des attentes, les bas salaires, l’absence de charges sociales dans les pays du tiers-monde, le coût des matières premières… Des facteurs considérés comme étant des justifications absolues de tous les maux et qui servent d’alibis aux difficultés et aux résistances du management et du personnel de l’entreprise à se remettre en cause ou à s’adapter aux évolutions en cours ». Il y a aussi « ceux qui centrent leurs analyses sur les données internes telles que la compétitivité due à l’insuffisance des gains de productivité, à l’absence d’investissements technologiques innovants, au manque de réactivité du personnel… ».

Toujours est-il que des entreprises survolent les crises, les utilisent comme de véritables tremplins pour « se rajeunir, s’ouvrir, s’extérioriser dans des domaines et des directions fort éloignés de leur orientation habituelle ».

Face à l’absence de communication, à des communications dévoyées, à des attitudes de sabotage, à des pollutions relationnelles, à des conflits d’intérêts et de pouvoir, bref, à tous les cas de figure de la négativité humaine, Jacques Salomé et Christian Potié proposent en échange des liens de réciprocité, d’échanges (« faire la différence entre échanger [il faut être deux] et s’exprimer [que l’on peut faire seul, unilatéralement »].

À partir des principes fondamentaux tirés du livre, on arrive à :

  • Mieux vivre ensemble, par exemple via un projet commun qui permet de rassembler, de motiver et de se dépasser, à l’aide de valeurs communes “pour développer des liens vivants pour une reconnaissance de soi et de l’autre”, autour de “fonctionnements relationnels admis par tous et reconnus pour leur contribution à la réussite de l’entreprise”.
  • Mieux être avec soi, en “développant une relation à soi à base de confiance et de respect”, en “favorisant l’expression de ses ressentis dans le cadre du travail”, en “assurant la reconnaissance des contributions individuelles à la réussite commune”
  • Mieux en relation avec l’autre, “en connaissant les bases de la communication interpersonnelle, en respectant les principes d’une hygiène relationnelle cohérente, en se donnant du temps pour créer, nourrir et dynamiser la relation, en respectant la carte d’identité relationnelle, en se donnant les moyens de développer la confiance les uns envers les autres”.

Une fois ces bases actées, on constate que la responsabilité des managers est largement engagée afin que les salariés arrivent en souriant le matin, et non en partant le soir.

“Les managers sont porteurs de forces de transformation de l’entreprise et en sont les acteurs les plus représentatifs”. Le manager donne une vision, décide, planifie, assure la gestion, veille à favoriser la mise en relation des personnes, participe à l’action, évalue les résultats. Il n’est pas là pour “affirmer son pouvoir, mais accroître son autorité”. Il est un “stimulateur et un régénérateur d’énergie”. Et “la seule vraie légitimité du manager ne lui vient pas de ses diplômes, ni de son statut, ni de la propriété du capital […] elle lui vient de la reconnaissance de ses collaborateurs qui peuvent infirmer ou confirmer son autorité”.

Les auteurs concluront en insistant sur « l’importance de pouvoir réconcilier les trois grandes dimensions relationnelles présentes et agissantes dans le monde du travail. La dimension fonctionnelle [être, faire, agir ensemble], la dimension interpersonnelle [être face aux autres et savoir mettre en commun] et la dimension interpersonnelle [être en accord avec soi-même et en congruence avec le meilleur de soi] ».

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