
« Réfléchis avant d’agir ! » Combien de fois avons-nous entendu ce reproche, en particulier dans notre enfance quand nous avions commis une bêtise ? Avant d’agir, il faut réfléchir ; c’est bien connu. Sauf que parfois, trop réfléchir retarde l’action… Et c’est particulièrement ennuyeux quand le problème exige une solution imminente…
Faut-il croire aux récits proposés par la collapsologie ? Faut-il accorder un quelconque crédit aux thèses prédisant l’imminence de l’effondrement systémique ? Le système financier complètement fou est à bout de souffle et l’édifice risque de s’écrouler comme un château de cartes. L’activité économique, par sa voracité et l’énergie fossile dont elle a besoin, dégrade la biodiversité et détraque le climat. Tout risque de s’effondrer. Un scénario crédible, possible… peut-être probable.
La lutte des récits
Alors, croire en l’effondrement ou pas ? That is the question. A bien y réfléchir, la question n’est pas si complexe que cela si nous pesons les conséquences auxquelles nous conduisent ces deux attitudes.
Mais la planète est extrêmement résiliente et le capitalisme, dont annonce régulièrement la disparition prochaine depuis un siècle et demi, trouve toujours des stratagèmes pour survivre et même se développer. Dans sa déjà longue histoire, face aux crises qu’il a rencontrées, il a par exemple développé des stratégies de survie comme le consumérisme (la fièvre acheteuse) ou encore le keynésianisme (la répartition des richesses). Qu’inventera-t-il demain pour dépasser la crise actuelle ? Arrivera-t-il à se verdir suffisamment pour sauver sa peau ? Saura-t-il inventer des technologies capables de faire mentir la prophétie ?
Imaginons deux personnes dans un bolide lancé à vive allure sur une route. Au bout d’une ligne droite, un mur se dresse. Le conducteur affirme que ce mur n’existe pas, que c’est seulement un mirage car il est impensable qu’un mur soit construit sur une route (« jamais on a construit un mur sur une route !« ). Le passager quant à lui affirme que véhicule dans lequel il se trouve est détestable et que s’il peut le faire voler en éclats, ce serait une chance. La fin de l’histoire peut facilement se deviner.
Game over
Pile, je perds. Face, je perds également. Si nous estimons que les récits de la collapsologie vont se réaliser dans un futur proche, alors ce discours devient une prophétie autoréalisatrice. En contaminant les esprits, il va produire la réalité qu’il décrit. Si à l’inverse, nous pensons que ces récits sont fantaisistes, alors nous courons le risque d’aggraver la situation par notre inaction. Détourner les yeux des dangers actuels, c’est soit faire preuve d’une lâcheté coupable ou d’un aveuglement tragique, mais le résultat en bout de course est le même. Game over !
Que nous pensions que l’effondrement soit inéluctable ou bien une affabulation, les comportements qu’ils génèrent restent finalement identiques et se résument en trois mots : ne rien faire.
« Dans le doute, abstiens-toi ! », apprend-on dès notre plus jeune âge. C’est parfois vrai. Mais nous mesurons à quel point cet adage, dans le contexte que nous décrivons, nous pousse inéluctablement vers l’abîme.
Plus le temps de pinailler
« Dans le doute, agis ! », devrions nous affirmer. Il faut nous bouger chacun à notre niveau et multiplier les initiatives. Des innovations produites par un pseudo-capitalisme vert aux jardins potagers des décroissants en passant par l’ingéniosité du système D et de l’ascèse des minimalistes, tout est bon à prendre. Arrêtons de nous tirer dans les pattes en opposant les vilains capitalistes, cocos et bobos. Evitons de défendre notre chapelle avant notre planète. Nous n’avons plus le temps de pinailler.
Agissons !