Acta Vista, ou comment restaurer la confiance en soi

chantier de rfection du fort saint nicolas
Chantier de réfection du Fort Saint-Nicolas

Employer, former, qualifier et aider à s’insérer dans le tissu économique et social les personnes sans qualification, les déclassés, les laissés-pour-compte, via la restauration de monuments historiques, tel est l’ambitieux défi relevé depuis une quinzaine d’années par l’association Acta Vista.

Créée en 2002 et dirigée depuis 2015 par Vincent Nicollet, Acta Vista œuvre dès l’origine, dans la réhabilitation et restauration de monuments emblématiques de Marseille, où se trouve le siège de l’association, et de la région PACA. Depuis deux ans, l’association a élargi son action aux Pays de la Loire, château de la Morinière, et à l’agglomération lyonnaise, le Fort de Feyzin.

Notre conviction est que lorsque l’on confie ce que l’on a de plus beau, de plus prestigieux aux personnes en difficulté, on leur redonne confiance en elles en les valorisant.

« Chaque année en France, 140 000 jeunes quittent le système scolaire sans qualification, explique Vincent Nicollet, auxquels s’ajoutent les “cabossés” de la vie, ceux qui ont besoin de se reconstruire et de retrouver des repères. Pour aider ces publics éloignés de l’emploi, Acta Vista propose des chantiers d’insertion et de formation professionnelle. Pour ce faire, nous travaillons en partenariat avec différents acteurs comme Pôle emploi, les associations de quartier, les centres d’hébergement… Notre conviction est que lorsque l’on confie ce que l’on a de plus beau, de plus prestigieux aux personnes en difficulté, on leur redonne confiance en elles en les valorisant. Ainsi, en étroite collaboration avec les directions régionales des affaires culturelles et les architectes des bâtiments de France, nous leur permettons de redonner vie à des lieux d’exception et de participer au dynamisme des territoires. »

Un modèle innovant d’accompagnement vers l’emploi

Les hommes et les femmes qui pour la plupart n’ont jamais tenu une truelle de leur vie, sont recrutés après un entretien d’embauche avec l’un des chefs de projets de l’association pour une durée maximale de 12 mois, pendant lesquels ils bénéficient d’une formation qualifiante dans les métiers du bâtiment. Ils ont entre 18 et 58 ans et sur le terrain, tous sont préparés à passer un titre professionnel de niveau V, équivalent CAP, validé par l’AFPA (Association pour la Formation Professionnelle des Adultes) et délivré par le ministère du Travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social. « Les équipes sont encadrées par des chefs de projets qui reçoivent individuellement les uns et les autres tous les 15 jours, et leur proposent si nécessaire un accompagnement social, une aide pour mener à bien leurs projets. Cet accompagnement vers l’emploi, poursuit Vincent Nicollet, leur offre une nouvelle dynamique dans des conditions concrètes, encadrées et valorisantes. Depuis 2002, Acta Vista a accueilli et formé plus de 5 000 personnes sur les chantiers, permettant au total, la restauration d’une trentaine de bâtiments, comme la Citadelle d’Entrecasteaux au-dessus du vieux Port à Marseille ou le château de Port-Miou à Cassis. »

Une pédagogie de qualité

En 2018, Acta Vista a été sélectionnée par le gouvernement pour être l’un des 22 projets pionniers du « French Impact » dont l’objectif est de faire de l’innovation sociale un levier majeur de la transformation sociale du pays. Sa directrice administrative et financière, Audrey Antoine est membre du CJD. « Je cherchais explique-t-elle, un “club” plutôt orienté social. C’est un ami qui m’a conseillée de me tourner vers le CJD avec qui nous partageons des valeurs communes. C’est vrai que nous sommes une structure associative et non commerciale, mais Acta Vista compte une cinquantaine de salariés et de ce fait, nous sommes confrontés à des situations similaires à celles des PME. Les échanges sur nos expériences respectives sont très constructifs. De plus, être membre du CJD peut offrir des perspectives d’avenir à certaines des personnes que nous formons. »

L’Etat et les collectivités locales financentune grande partie de l’activité. Le reste vient de partenariats privés avec des mécènes ou des fondations d’entreprises. Aujourd’hui en France, 45 % des monuments historiques sont en péril. Les projets d’Acta Vista ont encore de beaux jours devant eux !

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