Comment UB4Kids intègre la crèche dans son environnement

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Des microcrèches ouvertes sur l’autre et le monde, qui forgent de futurs citoyens : c’est l’ambition d’UB4Kids, réseau né en 2012 à Marseille. Forte déjà de plus d’une vingtaine de structures, l’entreprise, qui n’entend pas laisser la crise lui dicter le repli sur ses valeurs, souhaite passer ce cap en privilégiant les projets fédérateurs, vibrant au diapason du sociétal et de l’environnemental. 

Le « besoin de se projeter sur des projets positifs » : c’est la riposte de Christine Gobert et Pierre Comboroure, fondateurs d’UB4Kids, face aux restrictions imposées par la crise sanitaire. Il faut dire que les bouleversements de 2020 ont quelque peu impacté le modèle d’accueil de ce réseau de microcrèches né à Marseille, basé avant tout sur l’ouverture. « Dans une crèche traditionnelle, les impératifs sont d’ordre exclusivement hygiéniste, protecteur. Bien sûr, notre offre s’articule ici aussi autour du sanitaire et de la sécurité, ce sont des impératifs. Mais pour nous, cela reste le niveau un », avance Pierre Comboroure. Car le deuxième étage de la fusée, c’est le rapport à l’autre. « Nous avons une taille intermédiaire, soit 10 à 15 enfants par semaine, qui permet plus aisément les échanges. »  Cela veut dire sorties à l’extérieur, mais aussi accueil d’intervenants. Artistes, comédiens, plasticiens et autres peintres s’investissent dans des ateliers ou contribuent encore à la décoration des microcrèches. Or le niveau 2, visant à « être bien dans ses baskets », souffre de l’impact du Covid, développe le cofondateur. « Au quotidien, des actions se sont arrêtées, comme notre partenariat avec le Divadlo théâtre, les sorties en fermes pédagogiques… Par la force des choses, nous nous sommes recentrés sur le sanitaire. Ainsi cette année d’introspection nous a fait beaucoup travailler sur nos valeurs, sur la façon de les transmettre. » Cela veut dire par exemple communiquer plus largement, notamment sur les spécificités d’un programme pédagogique largement inspiré des pratiques alternatives. « Nous envoyons des photos des activités aux parents. C’est une des parades que nous avons trouvéespour contrer la crise. Et cela permet de réaffirmer nos valeurs auprès des familles. »

Parmi les valeurs, celles qui constituent enfin le troisième et dernier palier de UB4Kids : « le fait d’être bien dans son environnement, de former de futurs citoyens qui savent appréhender leur place dans la nature ». Pour ce faire, le modèle de micro-crèche estampillé UB4Kids est responsable : repas 100 % bio préparés par des entreprises locales, tri des déchets et compostage, création d’un espace potager, matériaux naturels et écogérés pour le sol et les peintures, entretien à la faveur de produits bio faits maison figurent entre autres parmi ses caractéristiques. « La RSE nous permet de cadrer nos objectifs. Ce qui nous pousse à aller dans cette voie, c’est déjà que la crèche est un outil de RSE. On s’est positionné sur l’écoresponsabilité dès le départ, mais cela reposait essentiellement sur des fulgurances, chacun apportait sa petite idée. On a compris peu à peu qu’il fallait structurer les choses, on avait besoin de ça pour que chacun trouve du sens dans son implication à UB4Kids. »

Un réseau qui se déploie

Ce modèle-là, Christine Gobert et Pierre Comboroure, parents de deux paires de jumeaux, l’ont imaginé voilà plus de 12 ans. « Nous cultivions l’envie d’entreprendre et parallèlement, il nous fallait trouver deux places en crèche pour nos deux premiers enfants, nés en 2009. » Or, le concept de micro-crèche venait d’être validé par le gouvernement. Ainsi ces voyageurs dans l’âme se sont-ils saisis de cette dynamique-là pour monter leur projet. « Nous avions quitté nos emplois via rupture conventionnelle, nous avions donc deux ans pour donner le jour à notre micro-crèche. La première ouvre en 2012 dans le quartier de la Joliette. Au total, dans ce laps de temps de deux ans, nous en lançons trois. » Aujourd’hui, le réseau UB4Kids, c’est 13 structures à Marseille, six à Bordeaux et trois à Montpellier. Mais aussi, 300 familles, 200 places dont 15 % en B to B, réservées par les employeurs. Et une centaine de collaborateurs. « Le cadre réglementaire des microcrèches est assoupli mais en contrepartie, la proportion d’encadrants doit être plus importante. La création de deux places supplémentaires signifie automatiquement un collaborateur de plus. » Des animatrices toutes diplômées, mais aussi des éducatrices de jeunes enfants, en proportion plus importante que les infirmières par ailleurs présentes, « ce qui illustre une nouvelle fois notre positionnement en termes de culture et d’ouverture ». Dans le staff également, psychologue ou encore psychomotricienne… Un réseau qui ne demande qu’à croître. « Nous allons prendre le temps de nous structurer pour partir éventuellement sur une deuxième vague d’ouvertures. Nos comptons dans les tuyaux une dizaine de projets qui pourraient voir le jour d’ici 2022. » 

En cœur d’Ehpad, d’éco-quartiers ou de tiers lieux

Des projets qui, là encore, témoignent du positionnement d’UB4Kids. « Nous entendons tester différents modèles, nous avons ouvert en septembre 2020 une crèche intergénérationnelle. Le directeur de l’Ehpad était demandeur, autant pour les liens avec les résidents que pour permettre au personnel d’avoir une crèche à l’intérieur de l’établissement. » Et UB4Kids a pris ses quartiers à la faveur de travaux d’extension de l’Ehpad. « Avec le Covid, c’est plus compliqué, les échanges sont réduits à la portion congrue d’autant qu’il s’agit là de deux publics identifiés comme à risque. Il faut être très prudent, c’est un véritable frein. Pour l’heure, les échanges se limitent donc à décorer les espaces des aînés avec les dessins des enfants, on en reste à des transmissions via artefacts. »

Et donc, le moyen de passer le cap, c’est de s’investir à fond dans ce type de projet, catalyseur d’enthousiasme. A bien plus long terme, les fondateurs envisagent de fait l’ouverture d’une nouvelle crèche intergénérationnelle dans les Alpes… mais avant cela, d’autres chantiers les occupent. « Il y a la double micro-crèche qui sortira de terre en septembre 2022 sur le pôle Yvon Morandat à Gardanne (un ancien carreau minier et futur écoquartier, NDLR). Nous avons été choisis face à des gros du secteur, c’est pour nous une fierté. Nous nous sommes engagés sur la construction d’un bâtiment label BDM (Bâtiments durables méditerranéens) qualité Or, alors qu’on ne nous demandait que l’argent. Ce challenge nous tient à cœur ! Cela signifie maîtriser tous les aspects de la construction et donc, les impacts sur l’environnement, faire de l’insertion… »

Ainsi l’équipe entend-elle multiplier les partenariats, travailler avec des acteurs de services connexes, à l’instar du groupe Axis Immobilier, père du concept hybride The Babel Community, mais encore des fondateurs d’espaces de coworking… « C’est ce que nous avons déjà fait à Montpellier. Nous souhaiterions continuer à intégrer les tiers lieux. » Car pour UB4Kids, la finalité, c’est bien celle-là : « intégrer au maximum la micro-crèche dans son environnement ».

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