Le langage verbal représente-t-il seulement 7% du contenu global de la communication ?

Si vous avez un jour suivez un stage de développement personnel, le formateur vous a certainement parlé des travaux de Mehrabian sur la prééminence du non-verbal et du paraverbal dans la communication. Mais que nous dit réellement le psychologue irano-américain ?

Mehrabian fut professeur de psychologie à l’université de Californie et l’auteur de la fameuse « règle des 3 V » : 7 % de la communication est Verbale (les mots prononcés et leur signification), 38 % de la communication est vocale (intonation, volume, rythme, débit…) et 55 % de la communication est Visuelle (attitude, mimiques, expressions faciales, gestes, c’est-à-dire ce que l’on regroupe aujourd’hui sous l’anglicisme à la mode « body langage »). On l’appelle aussi « règle du 7 % – 38 % – 55 % »

93 % de la réception d’un message ne passe pas par la parole ! Quand un stagiaire découvre cette affirmation au détour d’un diaporama, il éprouve dans un premier temps de la perplexité. On n’imaginait pas ce rôle prépondérant du non-verbal et du paraverbal. En tout cas, pas dans ces proportions. Cela semble contre-intuitif. Les mots pèsent-ils si peu dans nos interactions ? À quoi cela sert-il encore de chercher à argumenter ?

En s’intéressant d’un peu plus près aux travaux de Mehrabian, il s’avère que ce que l’on fait couramment dire à Mehrabian relève de la généralisation abusive, pour utiliser un euphémisme.

Que prouve Mehrabian ?

Dans une expérience réalisée en 1967, il fait dire à neuf sujets féminins des mots comme « miel », « cher », « merci », « évite », « terrible », « brute », en adoptant un ton et une gestuelle tantôt adéquats, tantôt non congruents. Par exemple dire « miel » avec une mine souriante et un ton suave (adéquat), puis avec dégoût (non congruent). Résultats : dans un tel dispositif expérimental, l’auditeur retient 7 % du verbal (les mots), 38 % du paraverbal (l’intonation, le ton de la voix) et 55 % du non-verbal (mimique, grimaces, regard, lèvres, corps). Ainsi, lors d’un échange de mots simples, l’expression du corps prend le dessus sur la parole. Quand le sens des mots n’est pas congruent avec la façon dont ils sont prononcés et l’expression faciale du locuteur, l’auditeur privilégie ce qu’il voit à la signification des mots proprement dite.

Désormais, tout semble plus évident. Pour caricaturer, si je crie « amour » avec un regard de tueur et une voix venue d’outre-tombe, vous pouvez légitimement douter d’avoir bien entendu ce que j’ai dit, ou si je pense vraiment ce que j’ai dit. Dans les deux cas, vous vous méfierez et vous détalerez. Vous aurez raison. L’explication de votre attitude est certainement à rechercher du côté du cerveau reptilien, toujours prompt à détecter les sources potentielles de danger.

Ce qu’il faut vraiment retenir en conclusion, c’est que l’étude de Mehrabian porte sur de simples mots et en aucun cas sur une phrase complexe ou, à plus forte raison, sur un discours. Il importe donc de ne pas ériger la règle des 3 V en vérité générale : la signification d’un message n’est pas essentiellement véhiculée par une communication non verbale.

Crédit Proto : Can Stock Photo – dundanim

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