Stratégie du conflit, règle n°3 : ambition et modestie

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Continuons notre exploration de la stratégie dans les conflits. Après avoir exploré les deux polarités, être patient ou pas, nous abordons maintenant celles relatives à l’ambition.

Dans un livre sur le golf, Comment jouer au golf sans viser la perfection, le coach Bob Rotella nous donne les trois clés du succès :

Avoir :

  • De grands rêves,
  • Une stratégie modeste,
  • Une exécution hardie.

Sans grand rêve dit-il, personne ne se mobilise ni ne déploie l’énergie suffisante pour faire le travail nécessaire. Mais, souvent, cela va de pair avec une stratégie audacieuse. Qui dit stratégie audacieuse, dit souvent du doute au moment de l’exécution. En effet, si j’ai visé si haut que je ne suis pas certain de réaliser le coup, quelque chose en moi va se tendre, se crisper et je vais perdre la fluidité nécessaire et ce qui fait, d’ordinaire, la qualité de mon jeu. Au golf, cela se traduit souvent par un coup raté ou une balle dans l’eau.

Dans les conflits, c’est la même chose ! Il n’y a aucune raison de rêver de demi-victoire ; il n’y a aucune raison d’en rabattre avant d’avoir affronté l’adversaire. Il n’y a aucune raison de ne pas lui faire confiance pour défendre ses propres intérêts ni de nous mettre à l’avance à sa place.

L’idéaliste peine à changer le monde

En revanche, j’ai souvent observé que, sans doute en partie par aversion pour le conflit, des personnes veulent que ça se termine le plus vite possible. Elles veulent gagner tout et tout de suite (où, d’ailleurs, cet article rejoint celui sur la patience). Il en résulte une grande résistance de la partie adverse et, bien souvent un échec relatif pour l’intéressé.

C’est particulièrement le cas pour les personnes engagées dans une cause, les militants. Ce qu’un article récent dans ces colonnes — Philippe Silberzahn — soulignait : l’idéaliste peine à changer le monde. En effet il observe sans cesse autour de lui des raisons de s’indigner. L’indignation le pousse à se focaliser sur la situation en question, le rend incapable de la mettre de côté pour s’atteler à des priorités. Et c’est ainsi également que Sun Tzu, dans L’Art de la guerre, déconseille fermement d’engager la bataille sur tous les fronts, à moins d’avoir une supériorité numérique écrasante. Faute de quoi, il est préférable d’attaquer en un point seulement.

De sorte qu’une stratégie habile vise à se concentrer sur un sujet particulier. Et pas seulement le sujet qui se révèle être la faiblesse de votre adversaire, mais celui dont vous attendez les plus grands effets. Imaginez que vous soyez un sapeur chargé de détruire un immeuble. Vous n’essaierez pas de le détruire brique par brique, non plus que vous ne vous contenterez de briser les fenêtres qui sont pourtant les parties les plus fragiles de l’édifice. Vous placerez des charges explosives à l’endroit des soutiens du bâtiment, de sorte qu’avec un minimum d’efforts, l’édifice s’écroulera tout entier. Naturellement, ceci exige un préalable indispensable : connaître ces points névralgiques, c’est-à-dire avoir une idée précise de la situation. C’est pourquoi la patience est encore requise, le temps d’accumuler la connaissance nécessaire.

Les autres articles de la série :

  1. La patience
  2. L’impatience

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