Comment recruter et intégrer des collaborateurs à distance ?

Ces derniers mois pour beaucoup d’entre nous, le télétravail est devenu la norme et le présentiel l’exception. De quoi donner une nouvelle fois des sueurs froides aux dirigeants, managers et RH qui continuent à travailler, à recruter et intégrer de nouvelles recrues, mais à distance. Pas facile, quand on n’a pas été préparé et qu’on n’a aucun repère. Pourtant cette pratique du distanciel pourrait bien perdurer. Voici donc quelques conseils et outils pour réussir l’exercice, se créer de nouveaux repères et adopter de nouveaux réflexes

Jean-Paul la cinquantaine, a quitté son entreprise à la mi-janvier 2020. Il ne le savait pas encore, mais deux mois plus tard, la France se confinait et les entreprises fermaient. Pas facile de trouver un emploi dans ce contexte inédit où tout semble s’être figé. Heureusement, début avril, le patron d’une entreprise dans les Côtes-d’Armor le contacte. « Il avait entendu parler de moi. Nous avons fait un entretien en visioconférence. Il faut y être préparé, car c’est une autre manière de se présenter, on n’est pas forcément à l’aise avec les outils », témoigne-t-il. Une semaine après, il était embauché et aux premiers jours du déconfinement, à la mi-mai, il prenait son poste de cadre en production logistique. Pour Nelly, directrice des ventes, embauchée juste avant le premier confinement, c’est l’intégration qui s’est faite à distance. « C’est une arrivée un peu stressante, car les présentations se font à travers les écrans », confie-t-elle. Le Coronavirus bouscule depuis un an nos habitudes, nos repères, et provoque quelques sueurs froides aux candidats et nouvelles recrues, mais pas uniquement.

Les managers et services RH, eux aussi ont dû s’adapter du jour au lendemain, et recruter et intégrer à distance les nouveaux collaborateurs. « Comment évaluer le savoir-être d’un candidat à travers un écran ? Comment intégrer un nouveau membre dans l’équipe quand chacun est chez soi ? », se sont-ils demandé. Ils continuent d’ailleurs à s’interroger. Depuis début avril, la France et les entreprises vivent leur 3ème confinement. Le télétravail est une nouvelle fois la norme, et le présentiel l’exception. Et cela pourrait même perdurer dans le « monde d’après ».

Selon une étude réalisée par l’ESSEC en septembre 2020, une majorité de salariés (73 %) souhaite télétravailler la moitié du temps.

Côté entreprise, le groupe PSA, a annoncé souhaiter qu’à terme, ses salariés hors production ne viennent travailler qu’une journée ou une journée et demie par semaine dans les locaux de l’entreprise. D’autres sociétés pourraient suivre. Les salariés, managers et RH n’ont donc pas fini d’avoir des sueurs froides. Pour calmer les angoisses et appréhensions, voici quelques conseils aux dirigeants, managers et RH pour passer leur processus de recrutement et d’intégration en mode « Remote ».

Perte d’informations

Le premier défi à surmonter avec la distance est celui de la perte d’informations. Quand un candidat se rend dans l’entreprise pour un entretien d’embauche, il ressent, voit l’ambiance de travail. A distance, manquant de ses éléments, il a plus de mal à se projeter. Quant aux managers et aux RH, il leur est plus difficile d’évaluer le savoir-être d’un candidat en se basant uniquement sur le CV et sur un entretien en visioconférence. La solution pour combler la distance est de donner et d’aller chercher un maximum d’informations exploitables.

Le processus de candidature doit donc être repensé. Talentview, start-up commercialisant un outil de gestion de candidatures et de recrutements, conseille ainsi les entreprises de mettre en place sur leur site internet un parcours de candidature digitale en quatre étapes. Tout d’abord, le candidat visionne une vidéo de présentation de l’entreprise. Ensuite, il répond à un QCM de 5 à 6 questions. « C’est le recruteur qui rédige ces questions fermées. Elles vont lui permettre d’évaluer si le candidat a les compétences recherchées. Pour les rédiger, il faut partir du besoin et donc s’appuyer sur l’offre d’emploi. Cette étape permet d’écarter les candidats les moins qualifiés », explique un responsable de la start-up. Une fois qu’il a répondu au QCM, le candidat se présente en vidéo en répondant à une question posée par le recruteur. Enfin, il dépose son CV en ligne. Les candidats jugés les plus compatibles avec le poste et la culture d’entreprise sont invités à un entretien d’embauche en visioconférence.

Evaluer le savoir-faire

Le deuxième défi de la distance est de savoir comment par un entretien en visioconférence, un recruteur peut évaluer correctement le savoir-être d’un candidat. Un bon moyen de surmonter cette difficulté est la prise de références, auprès d’anciens employeurs, en amont du rendez-vous et avec l’autorisation du candidat. « A distance, il est également plus facile de multiplier les entretiens. Ainsi pour un poste de commercial, il ne faut pas hésiter à mettre le directeur marketing dans la boucle. En multipliant les points de vue, on minimise le risque de se tromper. Cela permet également de donner une image complète du fonctionnement de l’entreprise au candidat », explique Martin Villelongue, directeur exécutif chez Michael Page, cabinet de recrutements.

Une fois embauché, il faut intégrer le candidat. Mais comment l’aider à prendre à distance ses marques ? C’est le troisième défi. Depuis le début de la crise sanitaire, chez Heyteam, spécialiste du on-boarding, les nouvelles recrues reçoivent chez elle, une semaine avant leur prise de poste, un « Welcome pack » ou kit de bienvenue. Ce dernier comprend une présentation de l’entreprise, des équipes, du matériel pour travailler (ordinateur), des codes d’accès aux réunions, un gel hydroalcoolique et un masque. Ainsi, le candidat est équipé. Il dispose des moyens nécessaires pour se mettre au travail. Nathaniel Philippe, dirigeant de HeyTeam conseille également, « une ou deux semaines avant l’arrivée du nouveau collaborateur, de le mettre dans les boucles des mails, afin qu’il prenne connaissance des projets en cours, qu’il comprenne comment chacun travaille, et saisisse le fonctionnement de l’entreprise ».

Enfin, il faut aussi l’intégrer dans l’équipe. C’est le quatrième et dernier défi. Les « cafés et apéros virtuels » permettent de recréer ces moments informels et conviviaux nécessaires à une bonne intégration. En outre, certaines entreprises, comme Boomrang Events, ont revu leur offre pour créer des événements team-building en virtuel. Chacun chez soi, de son ordinateur et par équipe participe ainsi à un escape game ou un atelier de création de cocktails. Un bon moyen d’effacer la distance.


Crédit Photo : cottonbro – Pexels

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