La juste place en entreprise

canstockphoto14025126
© Can Stock Photo / pressmaster

Patron féroce, salarié qui se croit tout permis, syndrome de toute-puissance ou au contraire syndrome de l’imposteur, comment trouver sa juste place en entreprise ? Analyse et solutions avec l’ouvrage « Créative attitude — Pour inspirer, motiver, collaborer et innover en entreprise », de Barbara Albasio et Guillaume Craveo.

Il y a le N+1 qui vous noie sous les mails, signant vicieusement d’un « merci » condescendant. Et qui déraille dans ses fonctions. Il vous en demande trop, tente de vous coincer, de vous mettre en porte à faux, attend les refus afin d’utiliser cela comme prétexte afin de faire des esclandres.

Il y a le patron admirable, celui qui est passé par tous les échelons de l’entreprise, connaît les rouages, les maillons, prête main-forte, vous observe et, si remarque il y a, elle concerne le travail pur. Ladite remarque sera toujours formulée afin que vous alliez de l’avant et non que vous rentriez le soir en ayant la sensation d’avoir été « vidé » de votre énergie.

Il y a le salarié ingrat, jamais content, comptant ses minutes et prêt à déléguer, à la moindre occasion, son travail sur le pauvre collègue assis en face. Celui-là, tout le monde s’en moque discrètement et personne ne le stoppe dans sa non-volonté de travailler. « Que veux-tu, il a un poil dans la main ».

Il y a le salarié efficace, travaillant efficacement, parfois peu reconnu, car il ne cherche pas à se mettre en avant.

Ne serait-il pas plus simple si chacun, à tous les étages, à tous niveaux, était à sa juste et parfaite place ? Parfois on change la personne d’étage, translatant le problème… Ou la solution.

« Les changements changent seulement le mal de place », a écrit l’auteur canadien Pierre Fillion dans son roman Juré Craché.

Dans Créative attitude — Pour inspirer, motiver, collaborer et innover en entreprise, Barbara Albasio et Guillaume Craveo évoquent en huit chapitres la notion de créativité face au changement. La spirale vertueuse de la créativité, la connaissance de soi, favoriser l’intelligence collective, permettrait de surfer sur les vagues de l’entreprise. « Trouver des solutions aux défis actuels : innovation, écologie, transformation digitale » n’est possible que si, nous développons ces qualités. « Dans une interview réalisée par le cabinet McKinsey, Éric Maskin, Prix Nobel d’économie et professeur à l’université d’Harvard aux États-Unis, précise que l’innovation passe d’abord par les idées. La collaboration devient un outil puissant pour accélérer l’innovation grâce aux idées générées par le groupe. L’effet de groupe permet d’ignorer les mauvaises idées pour se concentrer sur les meilleures, comme s’il y avait une sélection automatique liée à l’intelligence collective. Mais encore faut-il que les organisations favorisent cette approche créative, au profit donc de l’innovation… »

Barbara Albasio, après avoir travaillé au service marketing de L’Oréal, a rejoint Renault à la direction de la stratégie de marque, puis à la communication. Passionnée des métiers d’art, elle s’est formée au théâtre, à la sculpture, à la danse et au yoga. Diplômé de la London School of Economics et de Grenoble École de Management, Guillaume Cravero a quant à lui exercé des fonctions de conseiller en affaires sociales à Bruxelles, d’attaché économique aux États-Unis, de chef de projet web et d’assistant politique à Paris.

Avec leurs parcours multidirectionnels, c’est donc tout naturellement qu’ils écrivent que « les entreprises ont besoin de décideurs créatifs, dotés de qualités et de valeurs humanistes. (…). Cette stratégie s’appuie sur les capacités des managers et leaders à devenir créatifs eux-mêmes, en étant à l’écoute de leurs sens et de leurs émotions, et en développant l’intelligence collective et le travail d’équipe, porteurs de nombreux changements et réalisations. Cette créativité, facteur d’innovation, de performance et de bien-être, doit sortir des seules fonctions marketing, développement produit, publicité et communication. Elle s’avère nécessaire dans la pratique du management au quotidien, du recrutement… »

Points essentiels

On parle donc de valeurs intrinsèques ; or le manque d’humanité par exemple ne saurait s’apprendre lors de stages ou de formations…

Alors, pourquoi ne pas revenir sur des points essentiels et irréfutables du professionnalisme : le respect des règles et des collègues, la fiabilité et l’efficacité, une communication fluide et simple, savoir prendre de la hauteur, définir ses points faibles et ses points forts, séparer sa vie privée de sa vie professionnelle, s’impliquer, être dans l’action, être aimable…

Une Bible de l’attitude professionnelle établie par le parcours de formation axée sur l’emploi (MELS, 2007), particulièrement le programme de formation pratique, ainsi que des travaux de France Joyal liés à l’expérimentation de l’Échelle d’employabilité en 2007-2008 a permis de recenser des valeurs universelles, peu importe l’état d’esprit de chacun.

Quant au rapport avec soi-même, afin de trouver sa place en entreprise, des ouvrages en faveur du bien-être personnel grouillent ici ou là. Dans son ouvrage Bien dans sa peau sans vouloir celle des autres, Jean-Louis Fel explique que « 98,85 % des problèmes rencontrés dans la vie professionnelle sont dus à des situations relationnelles mal vécues ». Pour y remédier, le livre propose « une méthode simple et concrète pour définir le profil des personnes, agir sur les comportements et gagner en efficacité ». Illustré de cas réels, cet ouvrage permet aux managers, formateurs, et aux salariés de découvrir son propre potentiel relationnel ainsi que celui de son entourage. S’il y a autant de règles de management que de génomes sur la planète, voici donc quelques pistes qui permettent, de part et d’autre, de générer à minima une atmosphère irréprochable.

Partager cet article