Les combats d’André-Yves Portnoff (1): un défenseur de la démocratie

Compagnon de route de longue date du CJD, André-Yves Portnoff nous a quitté le 9 octobre dernier. Dans ses nombreux articles pour Dirigeant Magazine puis sur www.dirigeant.fr, André-Yves défendait vaillamment ses positions. Lucide sur les dangers qui traversent notre société, il refusait tout fatalisme. Infatigablement, André-Yves militait pour un sursaut des consciences et pour placer la dignité humaine et la justice au cœur des préoccupations des organisations, quelle que soit leur taille. Revue non exhaustive des combats portés par notre ami André-Yves Portnoff, prospectiviste, journaliste, conférencier, enseignant. Dans ce premier volet, nous focaliserons notre attention sur ses combats politiques.

Combattre les populismes et l’ultralibéralisme

« Il y a une relation forte entre économies ultralibérales et les politiques dites « illibérales », où la liberté est réservée à l’argent et non plus aux gens. C’est bien « depuis le tournant néolibéral des années 80 », explique le professeur belge Arnaud Zacharie, qu’une tendance technocratique vide la démocratie de son essence. Elle oublie séparation des pouvoirs, participation citoyenne via des corps intermédiaires, universalité des droits humains et donc droits des minorités. La « première mondialisation » (1870-1914) avait entraîné une « grande transformation » débouchant, avec la crise de 1929, sur la montée des totalitarismes dans les années 1930. Nous vivons une « nouvelle grande transformation », d’où une réaction nationaliste et identitaire mettant en péril la démocratie libérale et la coopération multilatérale. Arnaud Zacharie appelle à lutter contre une société fermée, trop inégalitaire, abusivement critique contre juges, syndicats, politiques, journalistes. » Lire l’intégralité de l’article.

Lutter contre la corruption

« L’un des paradoxes les plus choquants du populisme est que ses dirigeants, fréquemment profiteurs corrompus, exploitent la légitime indignation des petits contre la corruption d’en haut dont eux-mêmes font partie. En Italie, la Ligue n’a eu de cesse de stigmatiser la pourriture du sud du pays, jusqu’à ce qu’éclatent en série des affaires de détournement de fonds, corruptions, collaborations avec les mafias méridionales appelées à sévir au nord. Le fondateur de la Ligue a été lui-même obligé de démissionner. Ce n’est pas un cas isolé. Deux chercheurs du Tony Blair Institute for Global Change, Jordan Kyle et Yascha Mounk, ont réalisé une banque de données des mouvements et gouvernements populistes dans le monde. Ces dernières années, les gouvernements populistes se sont maintenus au pouvoir, en moyenne 6,5 ans au lieu de 3 ans pour les gouvernements démocratiques. » Lire l’intégralité de l’article.

« La majorité des pays n’ont pas adopté les outils nécessaires pour prévenir le blanchiment d’argent ni les systèmes de saisie préventive et de confiscation de l’argent d’origine suspecte ». Seule l’Italie a créé la notion de crime d’association mafieuse, sur l’initiative d’un sénateur qui l’a payé de sa vie. Une harmonisation des lois en Europe s’impose d’urgence. Premier progrès, les chefs de police de onze pays, dont Franco Gabrielli, ont tenu en juin, à Lyon, la première réunion du projet I CAN (Interpol Cooperation Against ‘Ndrangheta), centrée contre la « Ndrangheta. Parce qu’elle dispose d’une grande quantité de liquidités, la Mafia calabraise s’active dans trente pays, en adaptant ses procédures aux conditions locales. » Lire l’intégralité de l’article.

Défendre la liberté d’expression : le courage de la vérité

« Répétons que la complexité ne se gère pas par des dictats d’en haut. Déjà en 1985, dans son livre au titre significatif, La marche folle de l’histoire, de Troie au Vietnam, l’historienne américaine Barbara Tuchman expliquait que la gravité de nos problèmes ne supportait plus de sottise dans leur gestion. Or, elle rappelait que si le pouvoir corrompt souvent, le pouvoir absolu réduit la capacité de réfléchir. Nous l’avons souvent observé. Même en démocratie, la tendance spontanée de tous les dirigeants est de « rassurer » les citoyens avant même de bien comprendre la situation. Les lanceurs d’alerte sont rarement aimés, car ils dérangent. […]

En dictature, on va plus loin et les effets sont plus catastrophiques encore ! Les autorités communistes chinoises ont cru exorciser le nouveau virus en emprisonnant le lanceur d’alerte et sept de ses confrères. Seule l’énormité de cette aberrante et criminelle sottise les amena à libérer les médecins lorsqu’ils perçurent l’exceptionnelle gravité de la situation. Combien de morts dus aux trois semaines lamentablement perdues par négationnisme ? Mussolini avait réglé le problème des retards ferroviaires en interdisant de les signaler. Ceausescu avait extirpé la tuberculose et le sida en prohibant aux médecins d’en parler. Nous sommes en face de menaces autrement graves, dont la complexité rend mortelle la sottise ! Décidément, cette complexité, que l’Ecole s’obstine à ne pas enseigner malgré les alarmes d’Edgar Morin, ne se gouverne pas au sommet ; ou plutôt, elle se venge quand l’on persiste à tenter de le faire par une criminelle myopie ! » Lire l’intégralité de l’article.

Contre la technocratie et le pouvoir de l’argent, intégrer le savoir écologique et la préoccupation éthique dans la prise de décision

« Beaucoup considèrent encore que c’est aux seuls experts de s’exprimer sur des sujets si difficiles, et certains vont jusqu’à proclamer que tout ce qui est éthique est nécessairement scientifique, confusion de genres dénoncée par Jacques Testart. Se réfugier derrière les experts est d’autant plus ambigu que ceux-ci sont souvent dépendants des acteurs publics ou privés sur les actions desquels ils sont invités à s’exprimer. Or la liberté de l’intelligence critique est vitale, comme l’ont démontré la catastrophe de Tchernobyl, la sous-estimation initiale de l’importance du sida par les notables de la médecine, la révélation, par la presse et non par les responsables de la santé publique, des affaires de sang contaminé : la société moderne a besoin de vigies indépendantes.

Les libéraux classiques ont cependant une solution-miracle pour nous protéger des débordements du développement : il suffit de laisser jouer le marché. L’écologie de marché limitera les pollutions, les dommages à l’environnement. Dangereuse illusion, répond Jean-Paul Maréchal, « une véritable rationalité économique se doit d’intégrer le savoir écologique et la préoccupation éthique ». On peut même avancer que, dans le long terme, l’économie se doit d’être écologique. L’Etat a donc un rôle évident à jouer. Et dans une démocratie, c’est aux citoyens, pas à des spécialistes, d’effectuer sur toutes les questions majeures pour l’avenir les choix qui leur conviennent. » Lire l’intégralité de l’article.

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