Nuit de l’entreprise positive : « le changement doit passer par les entreprises et leurs leaders. » (2/2)

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Le 17 octobre 2019, Aude Sibuet a participé à la cinquième Nuit de l’entreprise positive à Lyon. Après la conférence de Frédéric Laloux, d’autres interventions ont retenu son attention, d’autres paroles se sont montrées inspirantes…

Laurence Méhaignerie : parler avec les pairs

« L’intérêt des investisseurs est celui que nous nous sommes fixés avec eux », expose Laurence Méhaignerie, Présidente et fondatrice de Citizen Capital, spécialiste de l’« impact investing ». Elle recommande à l’auditoire de visionner le documentaire « Vers un monde altruiste » (6).

Elle revient également sur la création de la loi PACTE et la définition d’une entreprise à mission. Citizen Capital fait partie de cette communauté. Elle explique qu’il y a besoin de pédagogie sur le sujet. Qu’il faut se mettre en chemin pour permettre à l’organisation d’être guidée par les raisons d’être et non uniquement par les profits ! Sans précipitation, il est utile de partager entre pairs les retours d’expérience explique-t-elle.

Denis Machuel : réduire le gaspillage alimentaire

Le directeur général de Sodexo a témoigné du souhait de l’entreprise de participer à changer l’économie, passant de « Business » OU « sustainability » à « Business » ET « sustainability ». « Le changement doit passer par les entreprises et leurs leaders. Les chefs d’entreprise ont la capacité de bouger les lignes » rappelle-t-il.

La recherche de l’exemplarité dans le respect de l’autre est fondamentale 

Denis Machuel

Il livre les trois axes de Sodexo :

  1. Revalorisation des ressources. La nourriture et l’eau sont précieuses.
  2. Intégration des intangibles, des positivités du quotidien. Le sourire d’une aide-soignante. L’espoir dans les familles d’un travail à partir duquel il est possible d’évoluer, de progresser, de « faire carrière ».
  3. Réduire de 50 % le gaspillage alimentaire. Aujourd’hui de 117 000 tonnes/an.

Pour être un leader positif, Denis Machuel donne trois conseils :

  1. Avoir le feu, la conviction chevillée au corps
  2. Transformer le business de l’intérieur. Comprendre la réalité du terrain. Ne pas être hors sol.
  3. Ne pas travailler seul. S’entourer de startup par exemple. Comme « To good to go » pour Sodexo.

Fabienne Dulac : parler des déséquilibres, accepter l’incertitude comme moteur

Pour être un leader positif, selon la dirigeante d’Orange, il faut :

  1. Réconcilier les temps longs et courts, accepter de se mettre dans les temps longs. Accuser le coup de 2 milliards de perte face au low cost, en résistant au marché qui a du mal à laisser du temps.
  2. S’ouvrir, se laisser bousculer par les clients (notamment).
  3. Garder cet ADN du service public. Accepter les crises que l’entreprise a dû traverser, notamment sociales. Repenser le contrat social entre l’entreprise et ses salariés. 10 ans après les événements, 85 % des salariés se disent aujourd’hui fiers de travailler chez Orange. Il faut garder un esprit de responsabilité.

Fabienne Dulac revient sur l’un des axes de développement de l’entreprise : l’engagement environnemental. Avec le coût énergétique de la transformation digitale, et les émissions de CO2. La France est le 6° consommateur d’énergie du monde et le 7° producteur de CO2.

Je n’ai pas la science infuse et personne ne l’a. Il est particulièrement important de s’en rappeler quand on est tout en haut de la hiérarchie de l’entreprise.

Fabienne Dulac

Pascal Demurger : l’entreprise sera politique ou ne sera plus

Le dirigeant de la MAIF rejoint ses confrères : « On a une responsabilité en tant que manager sur les personnes avec qui on travaille. D’un point de vue professionnel, mais aussi personnel ».

Selon le dirigeant, trois ingrédients s’avèrent indispensables :

  1. Le sens : quel sens de l’entreprise, quel impact sur la société et concrètement, au niveau individuel.
  2. La confiance : laisser aux personnes la liberté de trouver les solutions pour résoudre les problèmes qu’ils rencontrent. Il faut une volonté au plus haut niveau de l’entreprise.
  3. La bienveillance : vivre une expérience positive au travail, dans les relations, au quotidien.

Il faut changer les indicateurs de pilotage : 1/le bien-être des collaborateurs. 2/la satisfaction des adhérents et des sociétaires. 3/et seulement les indicateurs financiers.  Il faut se sentir profondément appartenir à un corps social : se projeter à long terme dans l’entreprise. Aimer son entreprise et les collaborateurs. Le faire sentir, être en empathie. Il faut mettre l’ego de côté. Pour les entreprises, c’est le plus grand risque stratégique.

Pascal Demurger

Yves Le Bihan conclut l’édition par les mots : courage, espérance. Mais aussi Intériorité, car il faut trouver les solutions en nous. Intégrité, car il faut trouver le courage de dire oui et non. Radicalité, car il y a urgence. Prochaine édition : le 15 octobre 2020.


Aude Sibuet, Innovation managériale et idéation, formatrice, corporate hacker.

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