Happy GOVDAY : Gouverner, c’est interagir avec son environnement (3/3)

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Chefs d’entreprises, engagés dans des ONG ou en politique, sportive de haut niveau, commandant de navire… Le sommet HappyGovDay, qui s’est tenu à Lyon les 10 et 11 décembre 2019, a donné la parole à des personnalités de milieux différents pour croiser les regards sur des sujets aussi vastes que l’environnement, le développement économique, le courage, la prise de décision… Morceaux choisis de témoignages inspirants pour trouver des bonnes pratiques dans tous les parcours et dans toutes les réflexions pour interagir avec son environnement.

Etre meilleur au monde ou meilleur pour le monde ? C’est un peu le fil rouge des débats qui se sont tenus à Lyon lors du sommet HappyGovDay. Si tous les témoins affirment s’être bonifiés grâce à leurs différentes actions et à leur expérience, tous affirment que la coopération et la collaboration ont été les moteurs de leurs activités pour faire progresser tout un écosystème. Le lien social, la communication sont aussi des notions qui reviennent sur toutes les lèvres pour défendre des valeurs environnementales au sens large. « Quand j’écoute, j’apprends et je m’enrichis. Un dialogue, ce sont deux sujets actifs : un qui parle et un qui écoute, dit Dany Chilton, coordonnateur du secrétariat au territoire des nations à Montréal et membre de la nation Atikamekw Nehirowisiw au Canada, qui compte quelque 8 000 personnes. Le monde change, un changement nourri par nos interactions. La voix des premières nations n’a pas toujours été entendue. Or, nous avons aussi pour ambition de faire notre part, dans un objectif d’intérêts communs. C’est pour cette raison que nous abordons les questions environnementales sous un aspect spirituel. Nous appartenons à cette terre et non l’inverse. »

Un travail d’équipe

Parce qu’un individu seul n’a que peu de marges de manœuvre, le travail en équipe et la transmission sont préconisés par tous les dirigeants d’organisations. La marine n’échappe pas à la règle et est une source de bonnes pratiques que les entreprises peuvent s’approprier. « On ne réussit jamais seul et sans équipage », dit l’amiral Olivier Lajous, marin pendant 37 ans et commandant de trois navires de combat, aujourd’hui conseiller en conduite du changement et conférencier. Celui pour qui « la confiance est essentielle sur un navire, car un commandant doit dormir » parle des « quatre pieds de la chaise » que sont « le savoir, le savoir-être, le savoir-faire et le faire-savoir ». Chacun individuellement et collectivement est important et a sa place dans une organisation, en gardant pour objectif la transmission des valeurs, des fonctions, des pouvoirs… « Plus le pouvoir est partagé, plus l’organisation est durable. Gardons à l’esprit, dans toute action de gouvernance, que le mieux que nous ayons à faire est d’être capable de partager, de donner et de recevoir, donc d’être en relation avec tous les êtres vivants qui nous entourent. »

Même discours et même valeurs défendues par le vice-amiral d’escadre Arnaud Coustillière, directeur général du numérique et des systèmes d’information et de communication du ministère des Armées : « Au sein d’un navire, le compagnonnage est très important. La transmission par l’exemplarité et la bienveillance aide à faire grandir les plus jeunes. L’esprit d’un groupe uni qui œuvre ensemble pour faire marcher ces milliers de tonnes de ferraille fait partie intégrante de nos fonctionnements. Chacun a sa place, du commandant au matelot, et ce, avec la même dignité. » Le marin fait référence à des notions chères aux chefs d’entreprises : donner du sens, faire adhérer, pratiquer un commandement participatif, impulser une dynamique positive à une équipe pour atteindre une mission ensemble. « Chacun sait où le chef veut aller et chacun individuellement agit pour aller dans le sens du chef. »

Courage et prise de risque

Toute réussite précède un échec, un rebondissement, une période de prise de risque ou d’actions courageuses. Le domaine sportif fait souvent jeu égal avec le monde de l’entreprise. « Le sport est l’école de la vie. Il apprend la discipline, la connaissance de soi et à aller de l’avant », témoigne Nawal El Moutawakel, championne olympique en 1984, plusieurs fois titrée aux 100 m, 200 m et 400 mètres haies, aujourd’hui membre du comité international olympique représentant son pays, le Maroc. « Je n’ai pas gagné seule, se souvient-elle. J’avais une équipe autour de moi et des maillons solides pour me propulser aux sommets. Dans chaque course, j’avais dix obstacles à franchir, les uns après les autres. Le sport aide à construire une personnalité. » Seule femme à atteindre un tel niveau sportif dans les années 70-80, Nawal El Moutawakel s’est faite la porte-parole des femmes, du Maroc notamment, et ne perd jamais une occasion de témoigner qu’avec courage et audace, il est possible de franchir les barrières que l’on pense parfois insurmontables. Elle œuvre notamment au CIO pour inciter à ce que les femmes représentent au moins 50 % des instances de gouvernance sportives internationales. Et va même plus loin en lançant une sorte de cri du cœur : « Où sont les femmes d’Afrique ? »

Une partie de la réponse vient du témoignage de Juliette Biao Koudenoukp, directrice du bureau Afrique du programme des Nations Unies pour l’environnement et coordinatrice du secrétariat de la conférence des ministres africains de l’environnement de 54 pays. « J’ai été la première femme forestière d’Afrique noire, avance fièrement la titulaire d’un master en économie forestière. Le courage est inné, mais s’acquière aussi au grès des circonstances de la vie et de l’expérience professionnelle. Mon père m’a toujours soutenu dans mes projets et j’avais une ambition particulière : défier les hommes, car j’ai compris qu’une femme devait faire aussi bien qu’un homme ».

C’est bien avec tous, hommes et femmes, du Nord et du Sud, et dans un esprit coopératif que les entreprises et les organisations fonctionneront de façon pérenne et durable.

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