La responsabilité des entreprises s’élargit, signe de leur importance croissante

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Les entreprises sont appelées à remplacer les corps intermédiaires défaillants, voire les collectivités publiques. En effet, les missions des entreprises se diversifient et ne se limitent plus à la production de biens et de services grâce à la rencontre des facteurs travail et capital. La loi PACTE de 2019, en intégrant la notion de « raison d’être » dans le code des sociétés a traduit juridiquement l’extension des missions des entreprises. Les statuts peuvent désormais préciser « les principes dont la société se dote et pour le respect desquels elle entend affecter des moyens dans la réalisation de son activité ».

Les obligations vertes sont passées, au niveau mondial, de 2015 à 2021 de 100 à 1 300 milliards de dollars

Les investisseurs demandent aux grandes entreprises d’intégrer la transition énergétique dans leur politique. La demande est telle aujourd’hui que les taux d’intérêt sont plus faibles que sur les obligations non vertes. Les émissions de crédits verts sont également en forte croissance. Ils ont atteint 90 milliards de dollars en 2019 à l’échelle mondiale, contre 10 milliards de dollars en 2013. L’écart entre l’évolution des actions des entreprises responsables de fortes émissions de gaz à effet de serre et celles des autres entreprises s’amplifie année après année. L’indice américain S&P pétrole et gaz et l’indice S&P étaient parallèles de 2010 à 2014. Depuis, les deux indices divergent fortement, le premier a perdu près de 50 % quand le second a été multiplié par plus de deux. L’indice européen « Eurostoxx pétrole et gaz » a perdu 20 % de sa valeur de 2010 à 2020 quand l’indice généraliste « Eurostoxx » a progressé de près de 80 % sur la même période. Les investisseurs demandent de plus en plus clairement aux entreprises leurs trajectoires de décarbonation dans le cadre des opérations de financement. Cette forte sensibilité des actionnaires et des prêteurs à la question environnementale conduit à une accélération de la transition énergétique. Ces derniers montrent très attentifs aux problématiques sociales et de gouvernance.

Les entreprises sont appelées à être exemplaires en matière de recrutement des jeunes, d’égalité homme/femme ou de lutte contre les discriminations

Le taux de chômage des jeunes restant élevé, autour de 17 % au sein de la zone euro et de 8 % aux États-Unis, des pressions s’exercent afin faciliter leur intégration professionnelle, que ce soit dans le cadre de l’apprentissage ou de parcours de seconde chance. Le principe d’égalité salariale entre les hommes et les femmes s’est imposé en quelques années au sein des grandes entreprises. La question de l’accès aux fonctions de direction générale est de plus en plus suivie par les investisseurs aiguillés en cela par les études de plusieurs associations ou sociétés de conseil. Il en est de même en ce qui concerne la représentation des femmes au sein des Conseils d’administration.

La formation des salariés en période de mutation technologique rapide (digitalisation, transition énergétique) constitue également un enjeu important et regardé.

L’organisation de la gouvernance des entreprises est également un sujet de préoccupation pour les actionnaires et les ONG. La concentration des pouvoirs sur un seul homme ou une seule femme est durement jugée. La séparation des fonctions de Président ou de Directeur Général s’impose progressivement. Les grandes entreprises, à l’image des États, sont de plus en plus soumises à des obligations de transparence et donc d’information. En raison de leur rôle systémique, elles se doivent de répondre à un nombre croissant de parties prenantes (partenaires sociaux, ONG, associations de consommateurs, etc.).

Le nombre et l’intensité des exigences s’accroissent

De nouveaux sujets apparaissent dans le cadre des critères sociaux et de gouvernance comme les modalités du partage de la valeur ajoutée ou l’évolution des salaires. Pendant de nombreuses années, le montant de la rémunération du ou des dirigeants fixait l’attention. Désormais, c’est l’ensemble de la politique salariale qui est surveillée. Les excès aux États-Unis avec une faible revalorisation des salaires depuis vingt ans expliquent cette évolution. En 2019, le salaire minimum représentait 32 % du salaire médian, contre 39 % en 2010. En Europe, la situation est différente. Le salaire minimum correspond à 51 % du salaire en 2019, contre 48 % en 2010. La problématique patrimoniale pourrait être également un sujet ESG (Environnement, Social, Gouvernance) du fait de la forte appréciation du cours des actions depuis la mise en place des politiques monétaires accommodantes. L’indice américain S&P a été multiplié par quatre depuis 2010. En France, la relance de la participation ou de l’actionnariat salarié entre dans ce cadre. Les entreprises sont amenées à gérer de manière de plus en plus fine leurs empreintes environnementale et sociale tout en présentant une gouvernance garantissant leur pérennité.

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