Syndrome de l’imposteur : trois clés pour le surmonter

Le surmenage et l’évitement sont des stratégies employées par celui qui souffre du syndrome de l’imposteur pour tromper son monde. Ces stratégies maintiennent l’individu dans son problème. Pour s’en sortir, il va donc falloir s’engager sur d’autres pistes.

Pour gagner en confiance, on vous expliquera très logiquement qu’il faut porter sur soi un regard plus bienveillant. Très bien, mais comment ? Cela ne se commande pas. Une simple prise de conscience permet parfois de changer de comportement, mais dans des cas à forte dimension émotionnelle, cela reste insuffisant. « Les croyances qui s’accompagnent d’émotions fortes, comme une croyance négative à votre sujet, sont encore plus tenaces. Nous y tenons si fort qu’elles nous semblent être une partie indissociable de nous-mêmes. C’est pourquoi nous pouvons être si attachés aux croyances négatives, malgré les preuves suffisantes du contraire. »[1] Ce n’est pas parce que je me rends compte que je suis injustement sévère envers moi-même que je vais développer mon estime de soi comme par magie. La prise de conscience – certes salutaire — doit s’accompagner de moments expérientiels, de confrontation avec le réel.

1 – Confrontez-vous aux autres

Une des clés possibles pour (re) trouver confiance en ses capacités consiste à s’immerger le plus possible dans des expériences groupales : partage d’expérience, de bonnes pratiques, apprentissages collectifs…« Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l’autre. L’autre est indispensable à mon existence, aussi bien d’ailleurs qu’à la connaissance que j’ai de moi. »[2], nous rappelle Jean-Paul Sartre. Dans des espaces de professionnalisation comme au CJD, ces moments sont nombreux. On présente souvent le CJD comme un lieu qui permet de rompre la solitude du dirigeant. C’est vrai. Et cette solitude peut d’ailleurs nous amener à douter de nos capacités. Qui peut savoir s’il fait bien ou mal quand il n’a pas d’autre référence que lui-même ? C’est encore plus le cas pour les autodidactes. Au CJD par exemple, les adhérents ont accès à d’autres manières de voir et de faire les choses. C’est l’intérêt des rencontres entre pairs, entre personnes confrontées aux mêmes problématiques. Ainsi, nous disposons de repères à partir desquels nous situer, nous réévaluer. « Quand je me regarde je me désole, quand je me compare je me console », dit une célèbre formule attribuée à Talleyrand. C’est effectivement le cas. Le partage d’expérience peut effectivement nous amener à penser que les autres ne font et ne valent souvent guère mieux que nous. La perfection n’existe pas, ni chez vous ni chez les autres.

2 – Prenez du recul

Il ne s’agit pas ici de dévorer tous les livres de développement personnel ou les essais philosophiques qui passent à portée de vos mains, même si cela ne nuit pas. Il s’agit plus concrètement de se fixer une routine en s’accordant un moment d’introspection quotidien. Comment ? En prenant simplement cinq minutes en fin de journée pour noter sur un petit carnet les trois éléments négatifs (échecs) et les trois positifs (réussites) que vous repérez dans votre journée. Avant de vous endormir, repensez aux trois éléments positifs. Forcez-vous à accomplir journalièrement cet exercice qui ne donne de résultat qu’au bout de plusieurs jours. Au fil des semaines, vous visualiserez plus facilement vos réussites et apprendrez plus facilement à faire la part des choses. Identifier nos petits succès permet de ne plus les minimiser, les ignorer. Cela participe à développer notre sentiment d’efficacité personnelle et à gagner en confiance.

À noter que cette technique peut en particulier s’appliquer aux adolescents qui ont en général du mal à relativiser.

3 – Restez en veille sur vous-mêmes

Surmenage, perfectionnisme, évitement, procrastination, autocritique systématique, sentiment d’insécurité… ces manifestations doivent vous alerter. Apprenez à vous écouter, à surveiller ces signaux faibles. La lutte contre le syndrome de l’imposteur se mène sur un temps long. Les moments de rechute sont possibles, et même certains. Nous ne pouvons pas nous empêcher de douter de nos capacités à un moment ou à un autre de notre existence, mais nous disposons des armes pour éviter que ce doute ne devienne chronique et pourrisse notre quotidien.


[1] Hibberd, Dr Jessamy. Croyez en vous ! Libérez-vous du syndrome de l’imposteur, Larousse, 2019, p.89.

[2] Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme, 1946.

Crédit Photo : lilartsy- Pexels

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