Comment réagit l’économie française face à Omicron et à l’inflation renaissante ?

Fin 2021, le PIB trimestriel français a dépassé son niveau d’avant-crise. La France est le seul des quatre grands pays de l’Union européenne à se trouver dans cette situation. L’Allemagne a enregistré une contraction de son PIB au quatrième trimestre 2021 en lien avec les difficultés que rencontre l’industrie automobile. L’Espagne et l’Italie qui avaient été durement touchées par la récession en 2020 connaissent une forte expansion, mais celle-ci ne leur a pas encore permis de compenser l’ensemble des pertes enregistrées en 2020.

Le PIB français n’a néanmoins pas retrouvé le niveau qu’il aurait atteint sans la survenue de l’épidémie. Un des symboles de la forte croissance que connaît la France est l’amélioration rapide de la situation de l’emploi qui dépasse, fin 2021, de 1,5 % (soit environ 300 000 emplois) son niveau de la fin 2019.

La vague omicron devrait peser, selon l’INSEE, sur les résultats économiques du premier trimestre en raison des mesures sanitaires adoptées (jauges, télétravail obligatoire, protocole spécifique dans les écoles, prolongation de la fermeture des discothèques, passe vaccinal, etc.). Les très nombreuses contaminations ont pu accroître l’absentéisme. Depuis deux ans, les effets économiques des vagues successives diminuent grâce à l’adaptation des comportements et à la vaccination.

Des secteurs entravés dans leur rebond

Au vu de la remontée des premières données économiques, l’INSEE s’attend à un ralentissement de la consommation. Les dépenses d’hébergement et de restauration sont orientées à la baisse avec l’application du télétravail et les moindres déplacements professionnels. Les soldes d’hiver n’auraient, par ailleurs, pas rencontré un réel succès. L’INSEE prévoit une progression du PIB français de +0,3 % au premier trimestre 2022 (après +0,7 % au quatrième trimestre 2021). Au deuxième trimestre, l’activité accélérerait avec un gain de +0,6 %, portant l’acquis de croissance mi-2022 à + 3,2 % (taux de croissance annuel que l’on obtiendrait pour 2022 si l’activité économique restait figée aux troisième et quatrième trimestres à son niveau prévu pour le deuxième). Le PIB se situerait au deuxième trimestre à 1,8 % au-dessus de celui du quatrième trimestre 2019.

En France comme dans les autres pays européens, plusieurs secteurs sont entravés dans leur rebond. L’industrie connaît toujours des goulets d’étranglement, l’hôtellerie et la restauration ainsi que les activités de loisirs sont touchées par l’absence de tourisme et par les mesures restrictives depuis les vagues delta et omicron.

Selon les enquêtes de conjoncture de l’INSEE auprès des entreprises, les difficultés d’approvisionnement refluent depuis le début 2022. En octobre 2021, dans l’industrie, 45 % des entreprises étaient concernées par ces difficultés ; ce taux est passé à 35 % en janvier, une proportion qui demeure au-dessus de la moyenne observée sur longue période (autour de 10 %). Si les problèmes d’approvisionnement s’estompent, ceux liés au recrutement ont tendance à augmenter. Ils concernent en janvier 61 % des entreprises manufacturières (contre 30 % en moyenne sur longue période), 54 % des entreprises de services (contre 29 % en moyenne) et 77 % des entreprises du bâtiment (contre 59 %).

Bouclier tarifaire

En cohérence avec les fortes difficultés d’offre ainsi qu’avec la hausse des prix des matières premières et de l’énergie, dans un contexte de forte croissance de la demande, les prix à la production ont augmenté tout au long de l’année 2021, en France comme dans les autres pays européens. En décembre 2021, le glissement annuel des prix de production de l’industrie française atteint +16,9 %. L’ordre de grandeur est le même pour les prix agricoles à la production (+17,6 % sur un an en décembre). Mesurés trimestriellement, les prix de production des services ont évolué moins rapidement (+2,9 % sur un an au troisième trimestre 2021). Les prix de production du transport maritime et côtier de fret ont, de leur côté, augmenté de 85 % sur un an cet automne. Ces hausses devraient se répercuter sur les prix à la consommation durant le premier semestre 2022.

Selon l’INSEE, le glissement annuel des prix à la consommation s’élèverait à plus de 3 % en février 2022, et resterait entre 3 et 3,5 % durant le premier semestre.

Les mesures de « bouclier tarifaire » sur les prix du gaz et de l’électricité contiendraient significativement l’inflation à hauteur d’au moins un point de pourcentage. Par ailleurs, elles se combinent avec d’autres mesures prises cet automne et visant à soutenir les revenus des ménages (chèque énergie, « indemnité inflation »).


Crédit Photo : Anna Tis – Pexels

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