Quand un entrepreneur crée un collège dédié aux enfants atteints de troubles intellectuels et cognitifs

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Le logo du collège

A Caluire-et-Cuire, près de Lyon, un dirigeant de plusieurs entreprises a créé un collège pour enfants atteints de troubles intellectuels et cognitifs. Sébastien Duvanel a ouvert Nescens en septembre 2019 pour 18 élèves, comme sa fille Avril.

Comme beaucoup de parents d’enfants atteints de troubles mentaux, Sébastien Duvanel s’est trouvé bien dépourvu au moment de mettre sa fille au collège. « Ces enfants sont très bien pris en charge en primaire, mais il n’existe pas de réponse satisfaisante pour le collège, constate-t-il. On nous proposait un Institut médico-éducatif pour enfants aveugles à 80 km de notre domicile. Ma fille n’entrait pas dans ce cas-là. Faire l’école à la maison, sur le long terme, peut déstructurer l’équilibre d’une famille. Rapidement, j’ai décidé de créer un collège. »

Ce papa est aussi CEO de Wellness Sport Club à Lyon et des kiosques à jus de fruits frais Zumo. Alors quand il a décidé d’aider sa fille à aller au collège, il a mis son costume de dirigeant pour monter son projet. Il teste l’idée par le réseau professionnel LinkedIn. « J’ai créé un profil faisant état de ce projet. Près de 700 personnes se sont manifestées : des éducateurs et des thérapeutes, certains étant même prêts à devenir bénévoles, et des parents se sont reconnus. Les besoins étaient criants. » En six mois, Sébastien Duvanel décide de passer à l’action.

Un lieu de vie

Il dimensionne son collège pour une vingtaine d’élèves de 12 à 16 ans. La municipalité de Caluire-et-Cuire le soutient et l’aide à trouver des locaux adaptés à l’activité de l’association Nescens. Les demandes d’inscription sont importantes. Il constitue une équipe : deux enseignantes formées à l’enseignement à des enfants atteints de troubles intellectuels et cognitifs et deux stagiaires. Dix-huit élèves feront leur rentrée en septembre 2019. « Les enfants sont regroupés par niveaux d’acquis et non pas classes : ceux qui maîtrisent la lecture, ceux qui ont une appétence pour les mathématiques… Surtout, le collège est devenu un lieu de vie pour les enfants, leurs parents et leurs thérapeutes afin de construire un parcours pour chaque élève. Une salle est aménagée spécialement pour les séances thérapeutiques des enfants qui en ont besoin. »

Sébastien Duvanel s’est emparé d’un sujet brûlant. Des tentatives semblent avoir avortées ailleurs en France. Pour l’heure, Nescens est soutenu par une députée qui le défend notamment auprès du ministère de l’Education nationale pour le passer sous contrat. « Les frais de personnel pourraient notamment être pris en charge par l’Etat », donne pour exemple le dirigeant. Surtout, le collège pourrait à la fois grossir, un peu, et être adossé à d’autres structures spécialisées dans le handicap et intéressées par Nescens pour permettre à de nombreuses familles de trouver des solutions pour l’éducation de leurs adolescents.

Nescens devrait intégrer de nouveaux locaux plus spacieux, toujours dans la commune de Caluire-et-Cuire, en septembre 2020, pour atteindre près de quarante élèves. « Notre ambition n’est pas de grossir, mais de garder la qualité des enseignements tout en répondant à des besoins très importants. »

La conviction pour carburant

Les premiers pas de cette école pas comme les autres et le succès annoncé par son fondateur tiennent à la façon dont Sébastien Duvanel a abordé les choses. « J’avais envie de le faire. Voilà pourquoi tout est allé très vite. La conviction est le carburant de tous les projets », analyse-t-il.

« Le management de Nescens et de mes autres entreprises n’est pas si différent. Dans tous les cas, la recherche de sens prime. »

Sébastien Duvanel

Le dirigeant mobilise son réseau et récolte rapidement les 40 000 euros nécessaires à l’ouverture de l’école, dont la scolarité est de 500 euros par mois. Président de l’association Nescens, il en est aussi le gestionnaire. « Je lui consacre beaucoup de temps. Mais j’ai une équipe formidable qui s’implique énormément. » Un management pas si différent de ce qu’il pratique au quotidien chez Welness Sport Club et Zumo. « Le vrai plaisir réside dans le fait que le projet a du sens. Entendre la fierté des enfants dire qu’ils vont au collège et constater le sourire des familles sont la plus grande récompense. »

La quête de sens, même dans les actions menées dans ses autres entreprises, a pris une tout autre dimension depuis qu’il s’est lancé dans cette aventure.

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