Peut-on devenir riche en vendant des tee-shirts à l’effigie de Che Guevara ?

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© Can Stock Photo / claudiodivizia

Le jour où l’anticapitalisme sera côté en Bourse, j’investis. C’est promis !

Il y a 5 ans lors d’un voyage en Grèce sur la plage Vouliagmeni, j’ai fait la connaissance d’un curieux personnage. Accoudés au bar, nous avons échangé quelques mots puis sympathisé. Nous avons parlé de football bien sûr, mais aussi de plein d’autres sujets, futiles et importants. Et abordé l’actualité sociale et économique. Ce Belge se disait anarchiste. Bon, pourquoi pas ? Mais ce qui m’étonnait le plus dans son propos, c’est, outre sa détestation du capitalisme, son hostilité marquée envers l’anticapitalisme. « L’un profite de l’autre. Le capitalisme se nourrit de la stérilité de l’anticapitalisme. Et les anticapitalistes ont besoin du capitalisme pour exister. » Mouais. Bof. Pas forcément convaincu. Il faut dire pour être exhaustif que cette discussion intervenait après plusieurs bières. Ceci explique peut-être cela. Je ne prêtais donc pas plus d’attention à cette réflexion étrange.

Je viens de comprendre. Des neurones se sont connectés en voyant Assa Traoré, l’égérie de la gauche anticapitaliste (en particulier du NPA), s’associer à la marque de luxe Louboutin. Étonnant ? Des claquettes ou les baskets d’une marque distributeur quelconque, cela se comprendrait. Mais Louboutin ! Il y a comme une dissonance cognitive.

Bon, sauf erreur de ma part, Assa Traoré ne s’est jamais revendiquée ouvertement anticapitaliste, donc on ne peut l’accuser de retourner sa veste. Mais la gauche anticapitaliste qui la place sur le piédestal des « luttes sociales » peut légitimement se sentir déstabilisée.

Pas de mal à se faire du bien

Mais en fait non. L’anticapitalisme pour beaucoup de ses adeptes n’est pas synonyme de haine du luxe et de l’argent. Fidel Castro portait deux Rolex, une à chaque poignet. Ceausescu vivait dans un palais dans lequel les robinets étaient en or massif. María Gabriela Chávez Colmenares, la fille de l’ancien président Chávez, est à quarante ans la femme la plus riche du Venezuela[1]. En France, plus modestement, certains responsables de partis anticapitalistes vivent confortablement, en bons bourgeois.

Le système est pourri, le capitalisme doit être vaincu. Mais en attendant la victoire finale, si elle advient un jour (on n’est pas pressés, hein ?), profitons de ce que celui-ci peut nous apporter. Je suis toujours émerveillé par ces professeurs d’université diplômés en sociologie ou philosophie qui portent aux gémonies le capitalisme et la démocratie libérale. Ils crachent sur le système qui leur permet de vaquer à leur vie confortable et militante. Nul doute que si, un jour, ceux-ci accédaient au pouvoir, ils feraient preuve de bien moins de tolérance et de libéralité envers les discours contraires au leur.

Je vous le dis : si le capitalisme n’existait pas, il faudrait l’inventer.


[1] Sa fortune est évaluée à 4,2 milliards de dollars (3,7 milliards d’euros), dont la majorité est placée sur des comptes bancaires aux États-Unis et en Andorre, affirme le Miami Diario

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