Chroniques estoniennes (3) : « les futurs défis du gouvernement estonien »

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Lors des échanges avec les trois jeunes collaboratrices du gouvernement estonien, la langue de bois était absente. La volonté affichée est claire : faire perdre à l’Estonie son image d’ancien pays du bloc soviétique. Le pays a pour objectifs d’être à la pointe de l’innovation et de se vendre comme tel, à travers la marque E-Estonia qui promeut sa digitalisation.

L’un des défis du gouvernement estonien est d’améliorer la collaboration entre le monde universitaire et les entreprises. Si certaines entreprises financent parfois la recherche au sein des universités, cela ne représente qu’un faible revenu pour celles-ci. La difficulté, qui est plus européenne qu’estonienne, est, d’après Anu Kull, conseillère pour le développement économique, le désintérêt des universités pour la collaboration avec les entreprises.

Le gouvernement souhaiterait donc faire fusionner deux de ses stratégies : celle sur la recherche et l’innovation avec celle sur la stratégie entrepreneuriale. En effet, l’Estonie est très performante dans la recherche universitaire et investit beaucoup dans ce domaine, mais cela ne répond pas forcément aux besoins concrets de l’industrie. Le potentiel d’innovation est donc peu exploité. L’une des solutions envisagées est de créer des incubations d’innovations directement au sein des entreprises.

Créer un environnement idéal pour le développement des entreprises

Pour mesurer son évolution, le gouvernement estonien se fonde sur différents indicateurs. Le premier est sa 16e place au classement des pays les plus accueillants pour les startups dans le monde selon le classement du magazine CEOWORLD. Le deuxième indicateur est sa 32e place en termes de compétitivité d’après le Forum Économique Mondial. L’Estonie souhaiterait atteindre la 25e place grâce à la stabilité de son environnement économique. Enfin, le gouvernement estonien souhaiterait attirer plus d’industries à haute valeur ajoutée. Cependant, malgré ses envies d’améliorations, le gouvernement est conscient qu’il lui faut repenser son modèle, jusque-là basé sur le coût de la main-d’œuvre estonienne. Celle-ci a, en effet, augmenté de façon considérable ces dernières années.

La coopération dans la conception des politiques publiques

L’économie estonienne n’est pas identique à celle des autres pays d’Europe. En effet, il n’y a pas d’entreprises de grande taille dans le pays. Le défi est donc de travailler avec une multiplicité de petites et moyennes entreprises et de créer les conditions les plus efficaces de coopération.

Le coaching comme solution

L’Estonie a développé un système de coaching par le secteur public pour répondre à certains de ces défis. Le programme Enterprise Estonia a des critères de sélection stricts : l’entreprise doit exister depuis trois ans, avoir au moins huit employés et avoir eu au moins 10 % de croissance sur les trois dernières années. Le programme débute par un diagnostic de l’entreprise choisie, puis celle-ci est accompagnée dans la création d’une stratégie à long terme. Enterprise Estonia a choisi uniquement des entreprises qui souhaitaient investir dans le développement de nouveaux services et produits qui permettent un changement de business model. C’est une façon d’aider les sociétés qui n’ont pas de contacts avec les institutions de recherche et leur permettre d’être compétitives et plus efficaces pour développer ces produits et solutions innovantes.


Virginie Hoarau

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