Véhicules électriques : miracle ou mirage?

Le passage du moteur thermique au moteur électrique encouragé au nom de l’écologie semble fournir fournit un bel exemple d’effet cobra. Mais est-ce vraiment le cas ?

L’écologie est un terrain fertile pour l’effet cobra. Et avec le passage du thermique à l’électrique, nous assistons à la mise en place d’une « solution boomerang », c’est-à-dire un mode de résolution du problème (comment réduire, voire supprimer les émissions de CO2 de nos véhicules) qui nous reviendra en pleine figure avec plus de force.

Il y a quelques mois en effet, le Parlement européen a voté l’interdiction de la vente des voitures thermiques neuves (essence, diesel ou hybride) d’ici à 2035. Le remplacement des véhicules thermiques par des véhicules électriques nous est présenté en Europe et aux États-Unis comme une technologie de décarbonation de l’économie et une avancée en matière de lutte contre le dérèglement climatique.

Nous pouvons légitimement en douter. Certes, les moteurs électriques n’émettent pas de CO2. Mais quatre éléments doivent particulièrement attirer l’attention (et la suspicion) :

  1. La moitié des voitures électriques dans le monde roulent aujourd’hui en Chine,
  2. 70 % de l’électricité en Chine est produite à partir du charbon,
  3. La fabrication d’une voiture électrique nécessite de 3,5 tonnes d’acier. Or pour fabriquer de l’acier, il faut du minerai de fer, du charbon, de la chaux et des ferro-alliages,
  4. La construction et l’entretien des infrastructures routières nécessitent des flux de ciment très importants. La production d’une tonne de ciment émet une quantité équivalente de CO2 dans l’atmosphère.
Les autres « incon

Quel objectif ?

Pourquoi s’engager alors au nom même de l’écologie dans une voie dont on sait pertinemment qu’elle est une impasse écologique ? Il ne faut pas sortir de Polytechnique pour déduire que, loin de nous faire changer de trajectoire, cette tentative de solution nous projette plus vite et plus fort contre le mur que nous cherchons – du moins dans les discours — à éviter. Faut-il en déduire que nos dirigeants sont stupides, voire corrompus ? Certainement pas (même si on ne peut pas exclure la possibilité que, pour certains, ce soit le cas). Deux raisons peuvent conduire à pareille absurdité.

D’abord, évidemment, la force d’inertie de l’Ancien Monde (poids des lobbys, peur de l’inconnu, solutionnisme technologique…) retarde le choix de solutions viables. Ces forces cherchent à aménager le système à la marge et sauvegarder l’existant (changer la nature du moteur, préserver les intérêts des industriels, mais aussi limiter la casse en termes d’emplois) plutôt que de s’attaquer à la racine du problème (penser autrement la mobilité des personnes et des marchandises, imaginer d’autres prémisses à notre économie, d’autres dispositifs pour sécuriser les personnes et pourvoir à leurs besoins).

Ou alors l’objectif affiché ou supposé des pouvoirs publics n’est pas l’objectif réel. La stratégie des décideurs paraît absurde au regard des objectifs que nous avons en tête. La Chine, en accroissant sa production d’électricité carbonée, ne poursuit certainement pas un objectif climatique, mais géostratégique. La Chine cherche en effet à sortir de sa dépendance au pétrole. D’ailleurs sa production de carburant synthétique obtenu à partir du charbon et qui alimente les véhicules thermiques a considérablement augmenté ces dernières années. Preuve que le passage à l’électrique, pour les dirigeants chinois (et sans-doute d’autres), ne répond pas à une problématique climatique, mais de souveraineté énergétique.

Quel objectif poursuivent vraiment les Etats avec cette mesure ? Préserver le climat ou bien s’émanciper du pétrole en jouant la carte du charbon ?

Crédit Photo : Pixabay

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