Entreprise et Bonsaï, un parallèle fructueux

FrancoisPinochet et son Bonsai
Francois Pinochet et son Bonsai

Spécialiste du marketing digital et entrepreneur depuis plus de 25 ans à Lyon, François Pinochet est aussi bonsaïka. Dans son livre L’entreprise végétale, il met en parallèle l’art d’élever un bonsaï et celui de faire grandir une entreprise.

Racines. Jeune pousse. Incubation. Maîtrise de la croissance. Structuration. Ecoute. Adaptation à son environnement. A la lecture de l’ouvrage de François Pinochet, « L’entreprise végétale. Le management à l’école du bonsaï », le champ lexical employé et les concepts énoncés pour parler de cet art ancestral venu du Japon résonnent avec ceux du monde de l’entreprise. L’auteur-entrepreneur pousse le parallèle didactique jusqu’à une véritable analyse des similitudes entre le monde végétal et l’entreprise.

« Le dirigeant est à son entreprise ce que le bonsaïka est à son arbre. Il doit avoir une vision stratégique, le recul nécessaire, définir une raison d’être, appréhender le rapport au temps long, court, mais aussi au rythme, maîtriser la croissance, de son entreprise et de son arbre, et assurer l’épanouissement du tout, au bénéfice de la bonne santé de l’arbre et du bien-être des collaborateurs », explique François Pinochet.

Commençons par la base : les racines. « Le système racinaire d’un arbre puise dans la terre l’eau, avec les minéraux et oligo-éléments qu’elle contient », lit-on dans l’ouvrage richement illustré, des arbres élevés par François Pinochet notamment. Un mécanisme d’irrigation se met en place pour accompagner l’épanouissement de l’arbre. Le rayonnement solaire tient son rôle pour transformer le gaz carbonique de l’air. Le tout produisant la sève. Un postulat identique est nécessaire en entreprise. « Le système racinaire correspond à l’ensemble des savoir-faire, métiers, brevets, méthodologies et processus, machines et ressources financières… qui permettent de produire », écrit François Pinochet.

Le rapport au temps est largement développé dans le livre. Il n’est pas rare que des arbres survivent à leur bonsaïka et portent un héritage de plusieurs dizaines d’années. « La vie d’un arbre se joue dans la durée », selon les écrits de François Pinochet. La patience pour faire grandir revient aussi au goût du jour dans le monde de l’entreprise. Le slow capital, ou capital patient, commence à germer dans les esprits. Les entreprises familiales, transmises de génération en génération, s’inscrivent forcément dans un temps long qui porte ses fruits.

La maîtrise de la croissance, capitale pour accompagner l’épanouissement d’un bonsaï, est également un point crucial dans l’entrepreneuriat. A l’heure où les start-ups sont poussées par les investisseurs notamment, à devenir des licornes, la course au chiffre d’affaires rapide suscite des questions. « Trop de jeunes bonsaïs prometteurs sont morts à cause d’impatience et de l’aveuglement de leurs maîtres ; trop de start-ups ont disparu à cause de mauvaises motivations de la part de leurs créateurs ou parfois de la recherche de gains trop rapides de la part de leurs investisseurs », avance comme parallèle l’ouvrage de François Pinochet.

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Bonsaï en fleurs

Détecter les signaux faibles

« Le rôle quotidien du bonsaïka est de fournir à son arbre tous les éléments lui permettant de s’épanouir. Le dirigeant a le même rôle envers ses collaborateurs au sein de son entreprise. Tous les jours, je regarde mes bonsaïs et détecte les signaux faibles, les aléas climatiques qui peuvent avoir des conséquences, à plus ou moins long terme, importantes sur leur développement. En entreprise, c’est pareil. Un chef d’entreprise coincé dans sa tour d’ivoire ne prend pas le pouls de son entreprise. Il passe à côté d’informations importantes et ne peut pas détecter ces fameux signaux faibles », confie l’auteur.

Le management est bien la pierre angulaire de toutes les organisations, dans le milieu végétal, comme en entreprise. L’équilibre des forces et des faiblesses, de l’environnement, doit être maintenu par le dirigeant. L’attention aux autres, « pas besoin de mots pour comprendre les maux », écrit le bonsaïka, incite à prendre les problèmes à leur racine pour éviter la gangrène, souvent irréparable, voire qui entraîne l’anéantissement en très peu de temps d’un long travail. Les équilibres sont précaires, dans la nature, mais aussi dans le monde de l’entreprise. « Témoigner de la considération à chacun dans l’entreprise reste assez facile dans une PME. On entend souvent les candidats au recrutement dire qu’ils cherchent une entreprise à taille humaine. C’est une manière d’exprimer une aspiration à être reconnu en tant qu’individu et non pas pour le poste que l’on occupe. »

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François Pinochet, L’entreprise végétale. Le management à l’école du bonsaï, Éditions L’Arbre de Mai.

Et qui parle de management, parle aussi de décisions à prendre. Le livre de François Pinochet consacre un chapitre à « Se séparer d’un collaborateur historique ». Il évoque « cette vieille branche » primordiale il y a quelques années, mais qui n’a pas su suivre l’histoire, se mettre dans le mouvement, qui pèse désormais. Et dont il faut se séparer. « Est-ce que je coupe ou pas cette branche ? J’y suis attachée. Peut-être qu’elle peut encore donner quelque chose d’intéressant. Sectionner la branche d’un bonsaï ou se séparer d’un collaborateur toxique sont des décisions tout aussi importantes à prendre. Dans les deux cas, nous travaillons avec la matière vivante et des systèmes ultra-complexes », concède François Pinochet.

Aider à grandir

François Pinochet élève des bonsaïs depuis plus de 40 ans. Il a codirigé une agence de web marketing, Bolero, à Lyon pendant 25 ans. Depuis 2019, il met son expérience entrepreneuriale au service de dirigeants de PME ou de jeunes entrepreneurs désireux de rompre la solitude du dirigeant autour de réflexions stratégiques. C’est en 2016, peu avant sa décision de consacrer un livre à l’entreprise végétale, qu’il admet l’influence de sa passion pour les bonsaïs dans son parcours entrepreneurial. « J’ai toujours eu dans mes fonctions de manager, la conviction que les salariés donnent le meilleur d’eux-mêmes s’ils sont bien là où ils sont. Et c’est pareil avec les bonsaïs. Mon résonnement de manager a toujours été d’aider à grandir, les collaborateurs de Bolero ou mes bonsaïs. »

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